Insécurité et vols de nuit à Goma – un fléau socio-économique en pleine croissance
Insécurité et vols de nuit à Goma: Sept militaires et un policier parmi les 17 présumés criminels présentés à la Presse en la fin du mois d'avril 2024 |
Goma, Nord-Kivu – Une fois la nuit tombée, la ville de Goma, dynamique le jour, change de visage. Les rues s’animent d’une autre manière, moins rassurante. L'insécurité et les vols de nuit se multiplient, créant un climat de crainte pour les habitants et un impact direct sur l’économie locale. Pour les Gomatraciens, la sécurité nocturne est devenue un défi quotidien, qui perturbe non seulement la vie sociale mais aussi le développement économique de la ville.
Les habitants vivent dans la crainte de la nuit
Les histoires de vols nocturnes et de cambriolages sont devenues courantes dans les quartiers de Goma. Les voleurs agissent souvent en petits groupes, ciblant les maisons, les commerces et même les passants. Pour certains, rentrer chez soi après le travail ou maintenir un commerce ouvert en soirée représente un risque majeur.
Jean-Marie, un habitant du quartier Katoyi, témoigne : « Il n'est pas rare d'entendre des cris ou de voir des maisons cambriolées la nuit. Parfois, les voleurs s'introduisent même en pleine soirée, profitant du manque de lumière dans certaines rues. » En effet, le manque d’éclairage public dans plusieurs quartiers rend les déplacements encore plus dangereux et facilite les activités criminelles.
Les commerces, cibles privilégiées des voleurs
Les petits commerces sont particulièrement touchés par cette vague d’insécurité nocturne. Les propriétaires se retrouvent contraints de fermer plus tôt pour éviter d’être cambriolés, ce qui limite leurs heures d’activité et impacte directement leurs revenus. Dans les marchés populaires de Virunga et de Majengo, plusieurs commerçants se plaignent d’avoir perdu des marchandises, parfois leur unique moyen de subsistance, lors d’attaques nocturnes.
Fatouma, une commerçante de légumes au marché de Majengo, explique : « Nous fermons maintenant plus tôt, car il est devenu trop risqué de rester après le coucher du soleil. Une fois, des voleurs ont emporté mes produits, et j'ai perdu tout ce que j’avais vendu durant la journée. » Ce climat d'insécurité pèse lourdement sur les petits entrepreneurs et mine leur confiance dans les perspectives de croissance.
L'impact sur l’économie nocturne
Cette insécurité a également des conséquences sur l'économie nocturne de Goma. Les restaurants, les bars, et les taxis-motos voient leur clientèle diminuer le soir. Les résidents hésitent de plus en plus à sortir en soirée, ce qui réduit les activités sociales et économiques nocturnes de la ville. Les chauffeurs de taxi-motos, souvent une solution de transport fiable la nuit, sont eux aussi touchés par la peur des vols. Beaucoup d'entre eux préfèrent arrêter de travailler dès que la nuit tombe, par crainte de se faire attaquer ou de se faire voler leur moto.
Ali, un chauffeur de taxi-moto, raconte : « Avant, je travaillais jusque tard pour gagner plus, mais maintenant je préfère rentrer tôt. J’ai des amis qui se sont fait agresser et voler leur moto ; c’est trop risqué de rester dehors la nuit. » Cette diminution de l’activité nocturne affecte non seulement les chauffeurs, mais aussi l'ensemble des travailleurs qui dépendent de l’économie informelle pour gagner leur vie.
Les efforts de la police et les défenseurs locaux
Face à cette situation, les forces de sécurité de Goma tentent de réagir en renforçant les patrouilles dans certains quartiers, surtout pendant les périodes où l'insécurité atteint des sommets. Cependant, les ressources limitées et le manque d’équipement freinent leurs actions. Certaines communautés prennent l’initiative de mettre en place des groupes de vigilance locale, composés de volontaires qui veillent sur les quartiers pendant la nuit. Ces initiatives, bien que bénéfiques, ne suffisent pas toujours à endiguer l’insécurité croissante.
Les autorités locales soulignent la nécessité d’un soutien accru pour améliorer les conditions de travail des forces de l'ordre et garantir une sécurité plus étendue. Pourtant, malgré les efforts, les habitants restent préoccupés, et les solutions manquent pour assurer un sentiment de sécurité à long terme.
L'Impact psychologique et social de l'insécurité
Vivre dans la peur constante affecte profondément les habitants de Goma. Beaucoup d'entre eux expriment une perte de confiance envers les autorités locales et un sentiment d’abandon. L’insécurité limite également les interactions sociales et renforce la méfiance entre voisins, les poussant à vivre repliés sur eux-mêmes.
Les familles sont particulièrement touchées par ce climat de peur. Plusieurs parents témoignent de leur crainte de laisser leurs enfants sortir en soirée ou même de se déplacer seuls à certaines heures. Pour eux, l’insécurité est devenue un fardeau qui limite leur liberté de mouvement et celle de leurs proches.
Un appel à des solutions durables
L'insécurité nocturne à Goma appelle à des solutions durables et à un engagement commun. La mise en place de systèmes d’éclairage public dans les zones sensibles, l’augmentation des patrouilles de nuit et la formation de la police locale sont des étapes essentielles pour rétablir la sécurité. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation pour encourager la solidarité communautaire et l'entraide peuvent renforcer la résilience de la population face à cette crise.
Certains quartiers ont déjà montré que la mobilisation collective pouvait avoir un impact positif. À Mabanga Nord, par exemple, les habitants ont collaboré avec les forces de sécurité pour identifier les points sensibles et organiser des rondes nocturnes. Bien que cette initiative ne résolve pas tous les problèmes, elle prouve que l'engagement des citoyens, combiné à une meilleure organisation des autorités, peut réduire les incidents de vol.
Conclusion : l'insécurité, un enjeu socio-économique majeur
L’insécurité nocturne à Goma dépasse le simple cadre des vols ; elle affecte la cohésion sociale, freine le développement économique et érode la qualité de vie des habitants. Restaurer la sécurité dans les rues et les quartiers est une priorité pour que Goma puisse continuer à se développer et pour que sa population retrouve une certaine sérénité.
Pour que les nuits à Goma redeviennent synonymes de tranquillité et non de crainte, il est nécessaire de mobiliser des efforts conjoints : ceux des autorités, des forces de l’ordre, et de chaque citoyen. En travaillant ensemble, les Gomatraciens peuvent espérer un futur plus sûr où l’insécurité ne dictera plus les rythmes de leur quotidien.