Taxi-moto à Goma : entre vitesse et précaution, un métier de tous les jours


Goma, Nord-Kivu – Dans cette ville dynamique au bord du lac Kivu, le taxi-moto est bien plus qu’un moyen de transport. C’est une institution, un métier, et une voie rapide vers l’autonomie économique pour des milliers de jeunes. Du lever du jour à la nuit tombée, les taxi-motos sillonnent les rues, esquivant les embouteillages et transportant les habitants d’un bout à l’autre de la ville. Mais derrière cette allure audacieuse se cache une réalité faite de défis et de risques.

Un métier accessoire devenu indispensable

Le taxi-moto est la solution de mobilité par excellence à Goma. Dans une ville où les infrastructures routières sont limitées et où les embouteillages peuvent paralyser la circulation, la moto est une alternative rapide, accessible et relativement abordable. C’est aussi un moyen de gagner sa vie pour les milliers de jeunes, souvent sans emploi, qui trouvent dans le taxi-moto une source de revenus immédiate.

Amani, 24 ans, est l’un de ces conducteurs. « Avant de commencer ce travail, je n’avais pas de revenus fixes. Aujourd’hui, je gagne suffisamment pour aider ma famille », confie-t-il en attendant son prochain client au marché Virunga. En moyenne, Amani peut réaliser entre 10 et 15 courses par jour, avec des revenus journaliers variant entre 10 et 20 dollars, selon la fréquentation et la distance des trajets.

Un quotidien risqué et physiquement exigeant

Conduire un taxi-moto à Goma n’est pas sans risques. En plus des conditions de circulation souvent chaotiques, les conducteurs doivent composer avec des routes endommagées, des intempéries et un manque de respect des règles de sécurité de la part de certains usagers de la route. Les accidents sont fréquents, et les conséquences peuvent être graves, d’autant plus que peu de conducteurs ont les moyens de se payer une assurance santé.

Emmanuel, un autre chauffeur de taxi-moto, en témoigne. « Chaque jour, je pense à la sécurité de mes passagers et à la mienne. Mais parfois, il suffit d’un moment d’inattention pour que les choses tournent mal. » Certains jours, la fatigue s’installe aussi, surtout après de longues heures passées sous le soleil ou sous la pluie, mais les conducteurs continuent de rouler pour maximiser leurs revenus.

Une vie dictée par les défis économiques

Le taxi-moto est une solution rapide pour subvenir aux besoins économiques, mais elle reste fragile. Le prix de l’essence, par exemple, est un facteur décisif pour ces chauffeurs. Avec des fluctuations de prix fréquentes, les marges de profit peuvent s’amoindrir, impactant directement les revenus des chauffeurs.

En plus de l’essence, certains conducteurs doivent louer leur moto auprès de propriétaires. La location peut coûter entre 5 et 10 dollars par jour, une somme non négligeable pour des jeunes qui tentent d’économiser ou de faire des projets. Pour beaucoup, l’objectif est de pouvoir un jour acheter leur propre moto afin de réduire leurs coûts et augmenter leurs bénéfices, un rêve encore lointain pour certains.

Un soutien communautaire essentiel

Face à ces défis, la solidarité entre chauffeurs est essentielle. Ils partagent des informations sur les itinéraires les plus sûrs, s’entraident en cas de panne, et se soutiennent financièrement dans les moments difficiles. Certains conducteurs se regroupent dans des associations locales, qui leur offrent un soutien en cas d’accident ou de maladie, un filet de sécurité précieux dans un secteur non réglementé.

Les initiatives communautaires se développent aussi pour améliorer la sécurité et les conditions de travail des chauffeurs. Certaines associations proposent des formations pour sensibiliser les conducteurs aux règles de circulation et à l’entretien de leurs motos, contribuant ainsi à réduire les accidents.

Le taxi-moto : un pilier de l’économie informelle

À Goma, le taxi-moto joue un rôle central dans l’économie informelle de la ville. En plus de fournir des revenus à de nombreux jeunes, ce secteur contribue à la circulation des biens et des services. Il est courant de voir des chauffeurs transporter des marchandises, des produits de première nécessité, et parfois même des matériaux de construction dans des quartiers difficiles d’accès pour les voitures.

Cependant, l’absence de réglementation claire rend ce métier vulnérable. Les chauffeurs sont souvent à la merci de fluctuations économiques qu’ils ne contrôlent pas, comme la hausse du prix du carburant ou l’augmentation du coût de l’entretien des motos.

Un avenir à organiser et structurer

Pour que le taxi-moto continue de prospérer à Goma, des actions sont nécessaires. Une régulation plus structurée pourrait aider les conducteurs à bénéficier d’une protection minimale, comme des assurances ou des programmes d’épargne. Des partenariats avec des institutions financières pourraient aussi permettre aux chauffeurs d’accéder plus facilement à des crédits pour acheter leur propre moto.

Pour Amani et Emmanuel, l’avenir du métier dépendra de la volonté des autorités locales de reconnaître le taxi-moto comme une activité essentielle à la mobilité urbaine et à l’économie de la ville. « Nous faisons partie du quotidien de Goma, et je pense que si nous étions mieux soutenus, nous pourrions travailler en toute sécurité et penser plus sereinement à notre avenir », conclut Emmanuel avec optimisme.

Conclusion : un métier de passionnés

La vie de taxi-moto à Goma est faite de hauts et de bas, de courses rapides et de moments de patience, mais aussi de défis quotidiens. C’est un métier qui offre des opportunités pour les jeunes et qui fait battre le cœur de l’économie de Goma. Avec plus de soutien et une régulation adaptée, ces hommes et femmes sur deux roues pourront non seulement améliorer leurs conditions de vie mais aussi contribuer encore plus au dynamisme de leur ville.