Les habitants de Goma et la gestion des déchets : Perceptions et comportements


Un quotidien marqué par l’omniprésence des déchets

À Goma, les rues jonchées de détritus, les décharges sauvages et les sacs plastiques flottant dans le lac Kivu font partie du paysage urbain. Pourtant, comment les habitants perçoivent-ils cette situation ? Sont-ils conscients des risques sanitaires et environnementaux liés à la mauvaise gestion des déchets ? Et surtout, sont-ils prêts à changer leurs habitudes pour adopter des pratiques plus durables ?

Pour répondre à ces questions, nous avons mené une enquête auprès d’un échantillon représentatif de Gomatraciens, issus de différents quartiers et milieux socio-économiques.

Des perceptions contrastées sur la gestion des déchets

Une prise de conscience partielle

Lorsqu’on interroge les habitants sur la gestion des déchets, une majorité reconnaît qu’il s’agit d’un problème sérieux pour la ville. 82% des personnes interrogées considèrent que la situation actuelle est préoccupante, en raison de l’impact visible sur l’environnement et la santé publique. Cependant, seuls 45% estiment que ce problème est une priorité urgente à résoudre par les autorités locales.

Un sentiment d’abandon face aux autorités

Près de 70% des participants estiment que les autorités locales ne font pas assez pour assurer une gestion efficace des déchets. Ils dénoncent l’insuffisance des services de collecte et l’absence de véritables infrastructures de traitement. Certains témoignages mettent en avant le manque d’initiatives publiques pour sensibiliser la population aux bonnes pratiques en matière de tri et de recyclage.

Les comportements des habitants face aux déchets

Des habitudes de gestion encore rudimentaires

Lorsqu’il s’agit de leur propre gestion des déchets, la majorité des habitants (63%) jettent leurs ordures dans des sacs en plastique qu’ils déposent dans des endroits désignés ou informels. Seuls 12% déclarent trier leurs déchets de manière systématique, et moins de 5% utilisent des méthodes alternatives comme le compostage.

Par ailleurs, 28% des personnes interrogées admettent brûler régulièrement leurs déchets, notamment en l’absence de collecte régulière. Cette pratique, bien que dangereuse pour la santé et l’environnement, reste courante dans plusieurs quartiers.

Une volonté de changer, mais avec des conditions

Interrogés sur leur disposition à adopter des pratiques plus durables, 67% des habitants affirment être prêts à trier leurs déchets si des infrastructures adaptées (poubelles de tri, points de collecte, incitations financières) sont mises en place. De même, 53% se disent intéressés par le compostage des déchets organiques, mais soulignent le manque de formation et d’outils adaptés.

En revanche, seuls 30% seraient prêts à payer un service de collecte privé pour assurer une gestion plus efficace de leurs ordures. Le coût élevé de la vie et les priorités financières des ménages rendent cette option difficilement envisageable pour beaucoup.

Des défis à surmonter pour une gestion participative des déchets

1. Manque d’éducation et de sensibilisation

Près de la moitié des habitants interrogés admettent ne pas connaître les principes du recyclage ou du compostage. Cela met en évidence un besoin urgent d’éducation environnementale à travers des campagnes de sensibilisation et des formations pratiques.

2. Absence d’infrastructures adaptées

Même les citoyens désireux d’adopter des pratiques écologiques se heurtent à l’absence de poubelles de tri, de centres de recyclage et de composteurs accessibles. Tant que ces infrastructures ne seront pas mises en place, les efforts individuels resteront limités.

3. Un rôle clé pour les autorités et les entreprises locales

Si les habitants sont conscients des problèmes liés aux déchets, beaucoup estiment que la responsabilité première incombe aux autorités locales et aux entreprises. Une meilleure coordination entre la mairie, les organisations locales et le secteur privé pourrait permettre la mise en place de solutions durables et adaptées aux réalités de la ville.

Conclusion : Vers un changement progressif des mentalités et des pratiques

L’enquête révèle une population consciente du problème des déchets, mais encore peu impliquée dans des solutions concrètes. Si certains comportements doivent évoluer, il est impératif que les autorités et les acteurs économiques facilitent cette transition en mettant en place des infrastructures et des campagnes de sensibilisation adaptées.

Avec une approche participative et des actions ciblées, Goma pourrait amorcer un véritable changement dans la gestion de ses déchets, alliant développement durable et amélioration de la qualité de vie des habitants.