Les leaders de l’informel à Goma : Portraits de ceux qui font vivre l’économie
Loin d’être un simple secteur de survie, l’économie informelle à Goma regorge de talents, d’initiatives et de réussites inspirantes. Derrière les étals de marché, les ateliers de couture, les taxis-motos et les petits commerces, des hommes et des femmes bâtissent des empires modestes mais dynamiques. Certains parviennent même à structurer leurs activités et à franchir les premières étapes vers la formalisation. Voici les portraits de quelques figures emblématiques de l’informel à Goma.
1. Chantal, la reine du marché Kituku
Chantal, 42 ans, est une figure incontournable du marché Kituku, où elle vend des produits alimentaires depuis plus de 15 ans. Partie d’un simple étal avec quelques sacs de farine de manioc, elle gère aujourd’hui un réseau de fournisseurs et emploie six jeunes vendeuses.
Ses défis : « Les variations des prix et l'absence de stockage sécurisé compliquent la gestion des stocks. De plus, la pression des taxes informelles est une grande difficulté. »
Son ambition : Chantal rêve d’ouvrir une boutique enregistrée pour accéder aux circuits d’approvisionnement officiels et négocier de meilleurs tarifs avec ses fournisseurs.
2. Moïse, du taxi-moto à la gestion d’une flotte
Ancien conducteur de taxi-moto, Moïse, 29 ans, a commencé avec une seule moto empruntée. Grâce à une gestion rigoureuse, il possède aujourd’hui cinq motos et emploie d’autres jeunes conducteurs.
Ses défis : « L’insécurité et le manque de régulation du secteur nous exposent à de nombreux risques. Parfois, la police nous arrête sans raison valable. »
Son ambition : Il souhaite créer une coopérative de taxis-motos et plaide pour une meilleure organisation du secteur afin de garantir plus de sécurité aux conducteurs.
3. Amina, la styliste autodidacte
Passionnée de couture, Amina, 34 ans, a appris le métier en observant sa tante. Aujourd’hui, elle est à la tête d’un petit atelier de couture en plein essor et habille de nombreux clients à Goma.
Ses défis : « Trouver du matériel de qualité et fidéliser les clients n’est pas facile. De plus, nous manquons de financement pour acheter des machines modernes. »
Son ambition : Elle aimerait inscrire son atelier au registre du commerce et développer une marque locale de vêtements.
4. Patrick, l’entrepreneur numérique de l’informel
Contrairement aux commerçants traditionnels, Patrick, 27 ans, a choisi de vendre des produits électroniques via les réseaux sociaux. Son commerce repose sur WhatsApp et Facebook, où il prend les commandes et livre directement ses clients.
Ses défis : « La confiance des clients est un grand défi, car certains craignent les arnaques en ligne. Je dois constamment prouver ma fiabilité. »
Son ambition : Patrick cherche à créer un site web et à formaliser son activité pour accéder à des financements et élargir son stock de produits.
Conclusion
Ces portraits illustrent la diversité et la résilience des entrepreneurs de l’informel à Goma. Malgré les défis, beaucoup aspirent à une reconnaissance légale et à un meilleur accès aux opportunités économiques. Un accompagnement adapté et une meilleure régulation du secteur pourraient leur permettre de transformer ces petites réussites en véritables entreprises structurées et compétitives.