L’immobilier à Goma : Un secteur en mutation, mais à quel prix ?


La croissance rapide du secteur immobilier à Goma témoigne d’un dynamisme économique et d’un intérêt accru des investisseurs pour une ville en pleine transformation. Mais derrière cette effervescence se cachent des réalités préoccupantes : spéculation foncière incontrôlée, inégalités croissantes et pression accrue sur les infrastructures urbaines. Si cette mutation n’est pas encadrée efficacement, elle risque de creuser davantage les fractures sociales et d’entraver un développement urbain durable.

Une bulle immobilière en formation ?

L’augmentation rapide des prix des terrains et des logements dans plusieurs quartiers de Goma illustre une spéculation foncière galopante. Certaines parcelles voient leur valeur tripler en quelques années, rendant l’accession à la propriété quasi impossible pour la majorité des habitants. Cette flambée des prix est souvent alimentée par des investisseurs disposant de capitaux conséquents, parfois au détriment des résidents locaux.

Parallèlement, la multiplication des transactions foncières illégales ou peu transparentes pose un sérieux problème. L’absence de cadastre fiable et les conflits autour des titres de propriété créent une insécurité juridique qui dissuade certains investisseurs sérieux et favorise une accumulation de terrains entre les mains d’une minorité.

Exclusion sociale et pression sur les infrastructures

La modernisation du paysage urbain de Goma profite principalement à une élite économique, tandis que les couches populaires sont progressivement marginalisées. Le développement de quartiers résidentiels haut de gamme contraste avec le manque de logements sociaux accessibles aux classes moyennes et défavorisées.

En outre, la croissance immobilière ne suit pas toujours un schéma d’urbanisation cohérent. Des bâtiments modernes émergent sans réelle planification des routes, de l’accès à l’eau, à l’électricité ou encore à l’assainissement. Cette urbanisation anarchique pourrait aggraver les problèmes déjà existants, comme les inondations dues à un drainage inefficace ou la congestion routière.

Quelle régulation pour un développement harmonieux ?

Face à ces défis, une régulation efficace du marché immobilier est essentielle. Plusieurs pistes doivent être envisagées :

1. Renforcement du cadre juridique : Une réforme foncière visant à clarifier les droits de propriété et à lutter contre la spéculation pourrait permettre une meilleure régulation du marché.

2. Promotion de l’urbanisme durable : L’État et les collectivités doivent encadrer le développement immobilier avec des plans directeurs clairs, favorisant des infrastructures adaptées aux besoins des habitants.

3. Encouragement des logements sociaux : Des incitations pour la construction de logements abordables, accessibles aux populations locales, sont essentielles pour éviter une gentrification excessive.

4. Transparence et contrôle des prix : Des mécanismes de régulation des prix et une meilleure supervision des transactions foncières peuvent limiter les abus et garantir un accès plus équitable au marché immobilier.

Conclusion

L’essor du secteur immobilier à Goma est une opportunité indéniable pour le développement de la ville, mais il ne doit pas se faire au détriment des habitants. Une approche équilibrée, alliant croissance économique et justice sociale, est nécessaire pour éviter que cette mutation ne devienne une source d’inégalités et de tensions urbaines. La question reste donc ouverte : Goma saura-t-elle maîtriser son expansion pour en faire un modèle de développement inclusif et durable ?