Start-ups à Goma : Quels sont les principaux obstacles à la croissance ?


L'écosystème entrepreneurial de Goma est en pleine effervescence, porté par des jeunes innovateurs qui cherchent à transformer les défis locaux en opportunités économiques. Cependant, malgré leur dynamisme, les start-ups de la ville rencontrent de nombreux obstacles freinant leur développement.

Pour mieux comprendre ces défis, Journal OWANDJI a mené une enquête auprès de plusieurs fondateurs de start-ups opérant dans divers secteurs (technologie, santé, éducation, agriculture, e-commerce…). Voici les principaux enseignements tirés de leurs témoignages.

1. Le manque de financement, un frein majeur

80% des entrepreneurs interrogés estiment que le manque de financement est leur principal obstacle. L’accès au crédit bancaire est limité, les taux d’intérêt sont élevés, et peu d’investisseurs s’intéressent encore aux jeunes entreprises locales.

Témoignage : « Nous avons une idée innovante, un marché potentiel, mais sans fonds pour démarrer ou pour nous développer, nous restons bloqués. Les banques demandent des garanties impossibles à fournir pour de jeunes entrepreneurs. » — Kevin M., fondateur d’une start-up fintech

Face à cela, certains explorent le financement participatif, les incubateurs et les concours de start-ups, mais les opportunités restent limitées.

2. Des infrastructures insuffisantes

Plus de 65% des entrepreneurs interrogés citent les infrastructures défaillantes (électricité instable, internet coûteux et lent, manque d’espaces de travail adaptés) comme un frein important.

Témoignage : « Nous développons des solutions numériques, mais avec les coupures d’électricité fréquentes et un internet très cher, c’est un vrai défi de travailler efficacement. » — Sarah K., co-fondatrice d’une start-up e-commerce

Le coût élevé des technologies et équipements complique également le développement des entreprises, notamment pour celles qui nécessitent un matériel informatique performant.

3. Accès au marché et adoption difficile des innovations

60% des start-ups évoquent les difficultés à conquérir un marché encore peu familier avec les nouvelles solutions. La méfiance des consommateurs et le faible pouvoir d’achat sont des obstacles récurrents.

Témoignage : « Introduire une solution innovante prend du temps, car les consommateurs sont souvent sceptiques. Il faut un effort énorme en sensibilisation et en éducation du marché. » — Fiston N., fondateur d’une start-up en agritech

Certains entrepreneurs dénoncent également le manque de soutien des grandes entreprises et des institutions, qui préfèrent faire appel à des fournisseurs étrangers plutôt que de collaborer avec des start-ups locales.

4. Cadre réglementaire complexe et fiscalité lourde

Près de 50% des start-ups rencontrent des difficultés liées à la réglementation et aux taxes élevées. Beaucoup trouvent que les formalités administratives sont lourdes et que le cadre légal manque de clarté pour les jeunes entreprises.

Témoignage : « Il n’y a pas de réglementation spécifique pour les start-ups. On nous impose les mêmes taxes que les grandes entreprises, ce qui freine notre développement. » — Joséphine T., fondatrice d’une start-up en santé numérique

Les entrepreneurs appellent à une simplification des démarches administratives et à des politiques de soutien adaptées aux start-ups, notamment des exonérations fiscales pour les premières années d’activité.

5. Besoin d’accompagnement et de formation

Enfin, 45% des start-ups estiment manquer d’accompagnement et de formation sur des aspects clés comme la gestion financière, la recherche de financement et le marketing digital.

Témoignage : « Nous avons les idées et la motivation, mais sans mentorat ou formation adaptée, nous avançons à l’aveugle. Il faudrait plus d’incubateurs et de programmes d’accompagnement. » — Patrick M., entrepreneur dans l’intelligence artificielle

Certaines structures comme les hubs technologiques et les incubateurs commencent à émerger, mais leur accès reste limité.

Quelles attentes pour un meilleur environnement entrepreneurial ?

Les fondateurs interrogés ont formulé plusieurs attentes pour renforcer l’écosystème des start-ups à Goma :

1. Un accès facilité au financement : Plus de fonds d’investissement, des prêts adaptés aux start-ups, et un soutien accru des structures de microfinance.

2. Des infrastructures améliorées : Un accès plus stable à l’électricité et à internet, ainsi que des espaces de coworking abordables.

3. Un cadre fiscal et réglementaire plus favorable : Des mesures spécifiques pour alléger les charges fiscales des start-ups en phase de lancement.

4. Un meilleur accompagnement : Plus de formations, de mentorat et de programmes d’incubation adaptés aux réalités locales.

5. Une sensibilisation des acteurs économiques : Encourager les grandes entreprises, les ONG et les institutions à faire confiance aux start-ups locales.

Conclusion : Un écosystème en quête de structuration

Malgré les nombreux défis, l’esprit entrepreneurial à Goma est fort, et les start-ups continuent d’innover. Cependant, leur croissance reste freinée par le manque de financement, les infrastructures limitées et un environnement réglementaire contraignant.

Un meilleur accompagnement, des politiques de soutien adaptées et une collaboration renforcée entre start-ups, investisseurs et autorités locales pourraient permettre à Goma de devenir un véritable hub d’innovation en Afrique de l’Est.