La perception des agriculteurs de Goma face à l'agriculture moderne


L’agriculture moderne est souvent présentée comme une solution clé pour améliorer la productivité et la sécurité alimentaire à Goma. Pourtant, son adoption par les agriculteurs locaux reste limitée. Quels sont les freins à cette transition ? Comment les agriculteurs perçoivent-ils les innovations agricoles ? Quelles sont leurs attentes vis-à-vis des autorités et des partenaires de développement ?
Afin de mieux comprendre ces enjeux, nous avons mené une enquête auprès d’un échantillon représentatif d’agriculteurs de Goma et ses environs.

1. Une adoption encore timide de l’agriculture moderne

Lorsqu’on interroge les agriculteurs de Goma sur leur perception de l’agriculture moderne, une majorité reconnaît son potentiel. Cependant, seuls 35 % des agriculteurs interrogés affirment avoir intégré des pratiques modernes dans leur exploitation, tandis que 65 % continuent à utiliser des méthodes traditionnelles.
Les principales raisons évoquées pour cette adoption limitée sont :
Le coût élevé des équipements et intrants modernes (72 %)
Le manque de formation sur les nouvelles techniques agricoles (58 %)
L’accès difficile aux crédits et financements agricoles (49 %)
Le manque d’infrastructures adaptées (routes, irrigation, stockage, marchés) (41 %)

2. Une méconnaissance des nouvelles technologies agricoles

Parmi les technologies agricoles modernes les plus citées, on retrouve :
Les semences améliorées (connues par 60 % des agriculteurs, mais utilisées par seulement 28 %)
L’irrigation intelligente (connue par 32 %, mais utilisée par 10 %)
L’agriculture de précision (drones, capteurs, logiciels agricoles) (connue par 15 %, utilisée par 2 %)
Les plateformes numériques de formation et de commercialisation (connues par 25 %, utilisées par 5 %)
Ces chiffres révèlent un manque de sensibilisation et d’accompagnement pour intégrer ces innovations au sein des exploitations locales.

3. Attentes et recommandations des agriculteurs

Lorsqu’on leur demande quelles solutions pourraient faciliter l’adoption de l’agriculture moderne, les agriculteurs suggèrent :
Une formation accrue sur les techniques modernes (82 %)
Un meilleur accès aux financements et crédits agricoles (76 %)
Un soutien des autorités pour améliorer les infrastructures agricoles (67 %)
Un accompagnement par des experts et organisations spécialisées (61 %)
En ce qui concerne le rôle des autorités publiques et partenaires de développement, les attentes sont claires : des politiques agricoles plus inclusives, des subventions pour l’achat d’équipements, et des initiatives de vulgarisation adaptées aux réalités locales.

Conclusion : un potentiel sous-exploité

Notre enquête met en évidence un intérêt réel mais des obstacles persistants pour l’adoption de l’agriculture moderne à Goma. Si l’accès aux technologies reste un défi, le manque de formation et de financement apparaît comme le principal frein. Un engagement accru des autorités et des partenaires de développement serait essentiel pour faire de l’agriculture moderne une réalité accessible à tous les producteurs de la région.