Peut-on rendre la santé communautaire plus durable ?
Débat sur la nécessité de politiques publiques de soutien et de structuration des initiatives de santé locale
La santé communautaire à Goma a démontré son efficacité à travers des initiatives locales de sensibilisation, de prévention et de soins. Toutefois, ces efforts restent fragiles face à l'absence d'un soutien institutionnel suffisant et à la dépendance de financements externes. Dans ce contexte, se pose la question : peut-on rendre la santé communautaire plus durable et autonome ?
Un modèle efficace mais limité
Les initiatives communautaires, souvent gérées par des bénévoles ou des petites structures locales, ont permis de combler un vide laissé par les services de santé publics insuffisants. Par exemple, des campagnes de vaccination, de lutte contre le paludisme ou de prévention des maladies comme le choléra ont permis de sauver de nombreuses vies. Cependant, ce modèle présente des limites : manque de ressources humaines qualifiées, équipements médicaux insuffisants, et surtout une absence de financement stable pour maintenir ces projets sur le long terme.
L’importance d’un cadre politique de soutien
Pour que ces initiatives deviennent durables, il est impératif que l'État prenne un rôle de soutien plus structuré. Cela implique non seulement de renforcer les capacités des agents de santé communautaire, mais aussi d’assurer une meilleure coordination entre les différents acteurs : autorités locales, organisations non gouvernementales (ONG) et populations. « Il est indispensable que les politiques publiques intègrent pleinement la santé communautaire comme un pilier de la santé publique nationale », explique Dr. Olivier Mvemba, spécialiste en santé publique à Goma. « Cela passera par des financements réguliers et l’intégration des programmes communautaires dans le système de santé formel. »
Un financement local, mais aussi international
Les initiatives locales de santé communautaire sont souvent financées par des dons, des financements d'ONG ou du crowdfunding. Cependant, pour qu'elles deviennent pérennes, une meilleure structuration de ces financements est nécessaire. Cela pourrait passer par des fonds publics ou des partenariats avec le secteur privé, mais aussi par une gestion plus transparente et plus rigoureuse de ces ressources. « L’autonomie financière est clé, mais elle nécessite d’abord un cadre juridique et un système de gouvernance fort », souligne Léonard Nsengiyumva, responsable d’une mutuelle de santé à Goma.
La formation et la reconnaissance : des éléments essentiels
L'une des principales difficultés réside également dans la formation des agents de santé communautaire. Si la volonté de servir est présente, la majorité des acteurs de la santé communautaire manquent de formations continues, ce qui réduit leur efficacité et la qualité des soins prodigués. Des programmes de formation réguliers, assortis d’une reconnaissance formelle, sont nécessaires pour que ces initiatives ne soient pas uniquement ponctuelles mais deviennent des systèmes de santé intégrés et durables.
L'avenir : une approche collaborative et décentralisée
L’avenir de la santé communautaire à Goma réside sans doute dans une approche collaborative, où les initiatives locales sont soutenues par des politiques publiques claires et un cadre légal adapté. En décentralisant certaines responsabilités vers les communautés et en les intégrant dans le système de santé national, Goma pourrait développer un modèle de santé durable, qui repose sur la solidarité locale, l’innovation et la collaboration entre tous les acteurs concernés.
Ce débat soulève des questions cruciales pour le développement durable de la santé communautaire à Goma. Pour garantir un avenir plus sain à la population, il est nécessaire d’unir les efforts des communautés, des autorités locales et des partenaires internationaux autour d’un objectif commun : une santé accessible à tous, durable et bien structurée.