Les artisans de Goma face aux défis du marché local
Dans les ruelles animées de Katindo, Birere ou encore du marché central de Goma, les stands des artisans regorgent de couleurs et de créativité. Sculptures en bois, paniers tressés, bijoux en perles, meubles taillés à la main : tout témoigne d’un savoir-faire riche et diversifié. Pourtant, derrière ces étalages, les artisans Gomatraciens peinent à tirer pleinement profit de leur talent.
Un marché saturé et méconnu
« Nous fabriquons de belles choses, mais peu de gens viennent acheter », confie Jean-Paul, menuisier depuis 12 ans à Goma. Comme lui, de nombreux artisans constatent une baisse d’intérêt de la clientèle locale, souvent attirée par les produits importés, moins chers et plus standardisés. Résultat : les créations artisanales, pourtant uniques, restent parfois invendues pendant des semaines.
Le manque de visibilité est également pointé du doigt. Beaucoup d’artisans travaillent de façon isolée, sans stratégie de marketing ni moyens pour promouvoir leurs produits. Seuls quelques-uns parviennent à écouler leurs pièces lors de foires ou d’événements culturels, mais ces occasions demeurent rares.
Des obstacles financiers et techniques
Un autre défi majeur réside dans l’accès au financement. Les artisans, souvent regroupés dans l’informel, ne disposent pas de garanties suffisantes pour obtenir des crédits bancaires. « Sans machines modernes ni ateliers adaptés, il est difficile d’améliorer la qualité et la quantité de nos produits », explique Chantal, artisane en couture.
La formation technique et la standardisation de la production sont également des besoins récurrents. Beaucoup estiment qu’avec un appui en design, en finition et en gestion, ils pourraient rivaliser avec les articles importés.
Des attentes fortes en matière de soutien
L’enquête révèle une forte attente vis-à-vis des autorités locales et des partenaires de développement. Les artisans souhaitent la mise en place de coopératives structurées, de centres de formation et d’espaces de vente dédiés. Ils aspirent également à des programmes de mentorat et à des opportunités d’exposition dans les marchés régionaux et internationaux.
« Nous avons le talent, mais il nous faut de la visibilité », résume Grâce, artisane spécialisée dans la vannerie.
Un secteur à potentiel inexploité
Malgré les difficultés, l’artisanat à Goma reste un secteur porteur. Avec une jeunesse créative et une demande mondiale croissante pour les produits authentiques et éthiques, il suffirait d’un accompagnement structuré pour transformer ces ateliers en véritables pôles économiques.
Cette enquête met en évidence un constat simple : l’artisanat à Goma est riche de promesses, mais il ne pourra révéler tout son potentiel qu’à condition de lever les freins liés à la visibilité, au financement et à la formation.