La recherche scientifique doit-elle être plus orientée vers le marché local ?
La question est sensible mais incontournable : à quoi sert la recherche scientifique si elle ne répond pas aux réalités immédiates de la société qui l’entoure ? À Goma comme ailleurs, la recherche reste trop souvent perçue comme une activité confinée aux universités, sans lien direct avec le tissu économique. Or, c’est précisément ce lien qui pourrait transformer la science en moteur concret de développement.
Une science tournée vers la pratique
Nos entrepreneurs agricoles attendent des semences adaptées à leurs sols, nos industriels recherchent des solutions énergétiques locales, et nos start-ups ont besoin d’outils numériques performants. Autrement dit, le marché local regorge de défis concrets qui pourraient inspirer des programmes de recherche appliquée. Si les universités et centres de recherche parvenaient à s’aligner davantage sur ces priorités, l’impact économique serait immédiat et mesurable.
Le risque d’un savoir « déconnecté »
À l’inverse, une recherche déconnectée du marché produit des mémoires et thèses qui s’accumulent sans jamais être valorisés. Le risque est double : d’une part, une perte de ressources et d’énergie ; d’autre part, un découragement des jeunes chercheurs, qui ne voient pas leurs travaux transformés en solutions concrètes pour leurs communautés.
Construire des passerelles stratégiques
Il ne s’agit pas d’abandonner la recherche fondamentale, indispensable au progrès scientifique. Mais il devient urgent de développer des mécanismes de passerelle entre recherche et marché : partenariats avec les entreprises, financement d’innovations locales, incubateurs de start-ups, et mise en place de plateformes de dialogue régulières entre chercheurs et acteurs économiques.
Un impératif pour le développement du Kivu
L’avenir économique de Goma dépendra de notre capacité à orienter la recherche vers des secteurs stratégiques : agriculture, énergie, santé, numérique. La science, pour être un levier de transformation, doit sortir des laboratoires et investir les champs, les usines et les entreprises.
En définitive, la recherche scientifique ne doit pas seulement expliquer le monde : elle doit aussi le changer, en commençant par répondre aux besoins de son propre marché local.