Les besoins sociaux non satisfaits à Goma : quels sont les gaps à combler ?
Alors que l’innovation sociale gagne du terrain à Goma, une question essentielle demeure : quels sont les besoins réels, encore non satisfaits, de la population locale ? Pour y répondre, le Journal OWANDJI a mené une enquête auprès d’un échantillon diversifié d’habitants jeunes, femmes, entrepreneurs, déplacés internes et responsables communautaires dans plusieurs quartiers de la ville. Les résultats révèlent une réalité contrastée : une population dynamique mais confrontée à des manques persistants dans les domaines essentiels du quotidien.
Accès à l’eau et à l’assainissement : une priorité absolue
Près de 68 % des personnes interrogées estiment que l’accès à l’eau potable reste l’un des défis majeurs. Dans plusieurs quartiers périphériques, l’eau reste rare, coûteuse ou de mauvaise qualité.
À ce problème s’ajoute celui de l’assainissement, souvent inexistant ou mal entretenu. Les conséquences sont multiples : maladies hydriques, pollution, et perte de productivité.
« L’eau, c’est la base de tout. Sans eau propre, nos enfants tombent souvent malades », témoigne Grâce, mère de famille à Katoyi.
Éducation et formation : des attentes fortes chez les jeunes
Plus de la moitié des jeunes interrogés soulignent le manque d’accès à une formation professionnelle adaptée. Beaucoup quittent l’école sans qualification concrète, ce qui limite leur insertion économique.
Les formations existantes sont souvent coûteuses ou mal alignées avec les besoins du marché local. D’où une demande croissante pour des centres de formation technique et entrepreneuriale capables d’accompagner les jeunes vers des métiers porteurs.
Santé : entre accessibilité et qualité des soins
Si la ville compte plusieurs structures sanitaires, leur accessibilité financière reste un obstacle majeur. Les familles à faibles revenus peinent à se soigner dans les cliniques privées, tandis que les hôpitaux publics manquent parfois de moyens.
De plus, les services de santé mentale — longtemps négligés sont quasi absents, alors que le stress post-conflit et la précarité affectent de nombreuses personnes à Goma.
Inclusion sociale et emploi : les laissés-pour-compte du développement
Les femmes, les personnes en situation de handicap et les déplacés internes représentent une part importante de la population vulnérable. Malgré leur potentiel économique, ils restent souvent exclus des circuits de production et de décision. Les femmes, en particulier, expriment le besoin d’un meilleur accès au crédit, à la formation et aux marchés locaux, pour développer leurs activités.
« Nous voulons travailler, mais il faut que quelqu’un croit en nous », confie Judith, artisane à Mugunga.
Environnement et gestion urbaine : un défi collectif
Enfin, la question de l’environnement et de la gestion des déchets revient avec insistance. Les habitants dénoncent l’absence de stratégies coordonnées pour collecter, recycler et valoriser les déchets.
Vers des solutions innovantes et durables
Cette enquête met en évidence un constat clair : les besoins sociaux non satisfaits à Goma sont multiples mais connus. L’accès à l’eau, à l’éducation, à la santé et à l’emploi restent les priorités les plus citées.
Mais surtout, elle révèle une forte attente de participation : les habitants ne veulent plus être de simples bénéficiaires, mais des acteurs du changement.
Pour les innovateurs sociaux, les autorités locales et les partenaires du développement, ces résultats constituent une boussole précieuse. Identifier les gaps, c’est déjà le premier pas vers des solutions durables et inclusives, capables de transformer la ville et d’améliorer la vie de ses habitants.
