L’informel à Goma : Perceptions des acteurs économiques et de la population
L’économie informelle est omniprésente à Goma, constituant un moteur essentiel de l’activité locale. Toutefois, son importance soulève des débats : est-elle un tremplin vers l’entrepreneuriat ou un frein au développement économique ? Pour mieux comprendre cette réalité, nous avons mené une enquête auprès des entrepreneurs informels, des travailleurs, des experts économiques et des autorités locales.
Un secteur perçu comme vital mais précaire
La majorité des acteurs interrogés considèrent l’informel comme une nécessité. « Sans ce secteur, la majorité des jeunes et des femmes seraient sans emploi », affirme un vendeur du marché Virunga. Les petits commerçants, les artisans et les chauffeurs de taxis-motos insistent sur le fait que l’informel leur permet de survivre dans un contexte économique difficile, marqué par le chômage et des barrières administratives contraignantes.
Cependant, cette flexibilité a un prix : absence de couverture sociale, instabilité des revenus et exposition aux tracasseries administratives. « Nous sommes à la merci des taxes informelles et des contrôles inopinés », déplore une vendeuse de fruits du marché Kituku.
Les obstacles à la structuration du secteur
Les experts économiques identifient plusieurs freins à la formalisation :
1. Charges fiscales élevées : De nombreux entrepreneurs redoutent que l’entrée dans le formel entraîne des impôts et taxes qu’ils ne pourraient supporter.
2. Accès limité au financement : Les banques et institutions financières exigent souvent des garanties difficiles à fournir pour ces acteurs.
3. Complexité administrative : Les démarches d’enregistrement sont perçues comme longues et coûteuses. « Il faut simplifier le processus et offrir des avantages aux entreprises qui se formalisent », suggère un consultant en développement économique.
Attentes et perspectives de réforme
Face à ces défis, plusieurs recommandations émergent :
Un allègement fiscal progressif pour encourager l’enregistrement des entreprises.
Des programmes de financement adaptés, notamment des microcrédits à taux réduits.
Des formations et accompagnements pour aider les entrepreneurs à structurer et développer leurs activités.
Un commerçant résume ainsi la situation : « Nous sommes prêts à évoluer vers le formel, mais nous avons besoin d’un cadre plus incitatif et moins répressif. »
Cette enquête met en lumière un paradoxe : l’économie informelle est indispensable à la survie de nombreux Gomatraciens, mais son absence de structuration limite son potentiel de croissance. Pour transformer ce secteur en véritable levier de développement, une approche progressive et adaptée aux réalités locales est nécessaire.