Les jeunes et l’entrepreneuriat informel à Goma : Un tremplin ou un cul-de-sac ?


L’économie informelle joue un rôle central dans la vie des jeunes à Goma. Face à un marché de l’emploi limité et à un accès restreint aux financements, nombreux sont ceux qui se tournent vers l’auto-entrepreneuriat informel comme solution de survie. Mais cette dynamique représente-t-elle une véritable opportunité de croissance ou un piège empêchant l’évolution vers des activités plus structurées et compétitives ?

L’informel, un levier d’insertion économique pour les jeunes

À Goma, les jeunes sont particulièrement actifs dans l’économie informelle, notamment dans le commerce de détail, les services (transport par taxis-motos, restauration, coiffure) et l’artisanat. Cette facilité d’entrée dans le marché permet à de nombreux jeunes de générer rapidement des revenus et de gagner en autonomie financière.

« J’ai commencé avec un petit capital en vendant des accessoires téléphoniques. Aujourd’hui, j’arrive à subvenir à mes besoins sans dépendre de personne », témoigne Serge, 25 ans, vendeur au centre-ville. Comme lui, beaucoup considèrent l’informel comme un tremplin vers une indépendance économique, en contournant les barrières administratives et financières du secteur formel.

Les limites et les risques d’un entrepreneuriat non structuré

Si l’informel permet aux jeunes de se lancer facilement, il comporte aussi des risques majeurs :

  • Une précarité économique : L’absence de protection sociale et de stabilité financière fragilise ces entrepreneurs face aux crises économiques ou aux changements réglementaires.
  • Des difficultés d’expansion : Sans reconnaissance légale, accéder à des financements, établir des partenariats ou développer une clientèle plus large reste difficile.
  • Une exposition aux tracasseries administratives : De nombreux jeunes entrepreneurs sont confrontés à des contrôles inopinés, des taxes informelles et des restrictions qui limitent leur développement.

« On nous demande de payer des taxes, mais en même temps, on ne nous donne pas de reconnaissance officielle. C’est un cercle vicieux », déplore une jeune couturière du quartier Katindo.

Comment accompagner les jeunes vers la formalisation et la compétitivité ?

Pour transformer l’informel en une opportunité durable, plusieurs solutions sont envisagées :

  1. Un accompagnement financier adapté : Mettre en place des fonds de soutien et des microcrédits accessibles aux jeunes entrepreneurs pour faciliter leur transition vers le formel.
  2. Une simplification des démarches administratives : Réduire les coûts et les procédures d’enregistrement des petites entreprises pour encourager leur légalisation.
  3. Des formations en gestion et innovation : Équiper les jeunes d’outils leur permettant de structurer leurs activités, améliorer leur compétitivité et s’adapter aux évolutions du marché.
  4. Le développement de coopératives et d’incubateurs : Favoriser des espaces où les jeunes entrepreneurs peuvent partager leurs expériences, bénéficier de mentorat et accéder à des opportunités de financement et de marché.

Conclusion

L’entrepreneuriat informel représente une porte d’entrée essentielle pour de nombreux jeunes à Goma, leur permettant de contourner les obstacles du marché de l’emploi. Cependant, sans accompagnement vers la structuration, beaucoup risquent de rester bloqués dans une précarité économique qui freine leur évolution. Plutôt que de lutter contre l’informel, il est crucial d’adopter une approche progressive qui encourage son intégration dans un cadre formel, tout en conservant sa flexibilité et son dynamisme.