L’eau, un défi vital pour Goma : Quelles solutions durables ?

Patient NGANDU, directeur de publication 

L'accès à l'eau potable à Goma demeure l'un des plus grands défis socio-économiques auxquels la ville est confrontée. Située en bordure du lac Kivu, Goma semble être en position idéale pour un approvisionnement en eau naturel et abondant. Pourtant, à ce jour, près de 60 % de la population ne bénéficie toujours pas d’un accès fiable à l'eau potable, et ce problème touche particulièrement les quartiers périphériques et les zones rurales. Ce manque d’eau, bien que caché derrière le panorama majestueux du volcan Nyiragongo et les paysages de la région, est un facteur de vulnérabilité majeur pour la santé publique et l’économie locale.

Les maladies hydriques, telles que la diarrhée, le choléra et la dysenterie, sont des conséquences directes de cette crise. Ces maladies frappent les populations les plus vulnérables, notamment les enfants, dont les systèmes immunitaires sont fragiles. Chaque année, des centaines de vies sont perdues à cause de l’eau contaminée, une tragédie évitable. Si la question de l'eau semble évidente, sa gestion en tant que bien public s'avère complexe à Goma. La croissance rapide de la population, l’urbanisation non maîtrisée et l’insuffisance d'infrastructures d’approvisionnement sont autant de facteurs qui compliquent la situation.

La demande en eau ne cesse de croître, dépassant largement les capacités des infrastructures existantes. À la REGIDESO, qui fournit l'eau dans la ville, le service reste intermittent, avec des coupures fréquentes qui laissent de nombreuses familles à la merci de sources d'eau non potables. Les forages privés, bien qu'ils pallient en partie ce manque, sont souvent plus chers, laissant les ménages à faible revenu dans une situation difficile. Quant aux solutions informelles, telles que l’achat de l'eau en bidons, elles sont à la fois coûteuses et peu sûres.

Face à ce constat, les efforts actuels pour résoudre la crise de l’eau à Goma sont nombreux, mais encore insuffisants. Des projets d'extension du réseau de distribution, financés par des partenaires internationaux et des ONG, visent à desservir les quartiers non couverts. Mais ces efforts doivent s'intensifier pour que l’ensemble de la population puisse accéder à une eau de qualité en permanence. De plus, des initiatives locales, comme l’utilisation de systèmes solaires pour pomper l'eau ou encore la filtration de l’eau à domicile, commencent à émerger et à offrir des solutions plus accessibles, notamment dans les zones rurales.

Les solutions durables pour Goma ne se résument pas seulement à l’extension du réseau ou à l’augmentation de la capacité de stockage. Elles incluent également la réutilisation des eaux pluviales, la sensibilisation à l’hygiène et la gestion participative des ressources en eau. Il est impératif que la communauté locale, les autorités et les partenaires internationaux travaillent ensemble pour mettre en place des solutions qui permettent non seulement d’assurer un approvisionnement en eau durable mais aussi de le rendre accessible à tous, sans distinction de statut social ou géographique.

Pour y parvenir, un changement de modèle est nécessaire. Les politiques publiques doivent encourager l’innovation, soutenir les projets communautaires et investir dans des infrastructures résilientes, capables de faire face aux défis futurs, tels que le changement climatique et la croissance démographique rapide.

Il est temps d’agir, car l’eau n’est pas seulement un besoin vital, c’est aussi un droit fondamental. Goma, avec ses ressources et ses forces vives, a les capacités de relever ce défi. Il ne s'agit plus de constater la crise, mais de la transformer en opportunité de développement durable, à la fois pour la ville et pour la région. Les solutions existent. Elles sont multiples. Mais leur mise en œuvre nécessite un engagement commun, à la hauteur de l’enjeu.