Quelles politiques publiques pour renforcer le tourisme à Goma ?
Alors que Goma regorge de potentiels touristiques entre le majestueux lac Kivu, le volcan Nyiragongo, une culture vibrante et une population accueillante le secteur touristique demeure sous-développé. Pour que le tourisme devienne un véritable levier de croissance, il est impératif que les autorités publiques adoptent une vision claire, structurée et inclusive. Voici quelques pistes de réflexion.
1. Une stratégie touristique locale claire et ambitieuse
Il manque à Goma une feuille de route stratégique pour le développement touristique. Les autorités locales, en collaboration avec les opérateurs du secteur, devraient élaborer un Plan de Développement Touristique basé sur les réalités locales, les besoins du marché et les objectifs de durabilité. Ce plan devrait identifier les priorités : infrastructures, promotion, formation, partenariats public-privé, sécurité.
2. Investir dans les infrastructures de base
Un des freins majeurs au développement touristique reste la faiblesse des infrastructures : routes d’accès aux sites, signalétique, zones de repos, équipements d’accueil. Un programme public d’investissement ciblé sur les sites prioritaires (Nyiragongo, lac Kivu, Parc de Virunga) s’impose, de même que l’amélioration de l’accès à l’eau, à l’électricité et à internet dans les zones touristiques.
3. Sécurité et stabilité : conditions non négociables
Aucune relance touristique n’est possible sans un climat sécuritaire rassurant. Cela passe par la présence d’unités de police touristique, la régulation des accès aux sites sensibles, la lutte contre les tracasseries administratives, et une meilleure coordination entre autorités locales, agences de sécurité et opérateurs touristiques.
4. Encourager l’entrepreneuriat et la formation dans le secteur
Les jeunes et les femmes peuvent jouer un rôle clé dans la chaîne de valeur touristique, à condition d’être formés. L’État devrait appuyer les écoles hôtelières, proposer des programmes de microcrédit pour les initiatives locales, et créer des incubateurs pour les projets innovants en tourisme, culture et digital.
5. Promouvoir Goma à l’international et dans la région
Goma manque cruellement de visibilité sur la scène touristique internationale. Il faut une politique active de marketing territorial, avec la participation aux salons régionaux, la production de contenus multimédia (films, brochures, applis), et la mise en réseau avec les villes voisines (Bukavu, Kigali) pour créer des circuits touristiques transfrontaliers.
6. Instaurer des incitations fiscales et réglementaires
Les investisseurs touristiques pourraient bénéficier d’allègements fiscaux (exonération partielle de TVA, douanes) et d’un cadre réglementaire stable et incitatif. Cela encouragerait la création d’hôtels, de centres culturels, d'agences spécialisées et d’espaces de loisirs.
Conclusion
Le développement du tourisme à Goma ne dépend pas seulement de ses atouts naturels et culturels : il repose aussi sur des choix politiques volontaristes. Il est temps pour les pouvoirs publics de faire du tourisme une priorité, en concertation étroite avec les acteurs locaux. Car en misant sur le tourisme, Goma ne gagne pas seulement des visiteurs : elle investit dans son image, son économie et sa paix durable.
