Les investisseurs et acteurs clés du financement des start-up à Goma


Qui soutient vraiment les jeunes entreprises dans la région du Kivu ? Focus sur les visages et structures qui misent sur l’innovation locale.


Introduction

À Goma, une ville en pleine ébullition entrepreneuriale, le nerf de la guerre reste l’accès au financement. Pourtant, derrière les difficultés souvent évoquées par les start-up, une autre réalité émerge : des individus, institutions et réseaux s’activent en coulisses pour faire éclore l’innovation.

Ce dossier vous propose une plongée dans l’univers des investisseurs locaux, ONG, fonds d’impact, et incubateurs qui facilitent l’accès aux ressources financières pour les jeunes entreprises du Kivu.


1. Georges Bisimwa – Le business angel de la diaspora

Fondateur de Kivu Capital, un petit fonds d’investissement privé lancé en 2021, Georges Bisimwa est l’un des rares business angels visibles opérant depuis Goma avec un pied dans la diaspora congolaise en Belgique.

« J’investis dans des jeunes qui comprennent leur marché, pas juste dans des idées. »

Depuis 3 ans, il a investi dans 5 start-up locales, notamment dans l’agroalimentaire, la logistique et la fintech. Ses tickets vont de 3 000 à 10 000 USD, en échange de parts minoritaires et d’un accompagnement stratégique.

🔹 Critères de choix :

  • Équipe fondatrice crédible,
  • Impact économique local,
  • Modèle reproductible.

Georges Bisimwa :

« Le vrai défi ici, ce n’est pas l’argent. C’est l’encadrement. Je choisis des projets où je peux aussi mettre la main à la pâte. »


2. POLE HUB Goma – L’incubateur qui fait naître des financeurs

Depuis sa création en 2020, POLE HUB est devenu le carrefour de l’innovation entrepreneuriale à Goma. Plus qu’un incubateur, cette structure accompagne les porteurs de projets vers la structuration et la levée de fonds.

« Nous formons des start-up à se vendre auprès des financeurs, locaux ou étrangers. » – Josué Kambale, coordonnateur

Avec une trentaine de start-up accompagnées chaque année, POLE HUB offre :

  • Des formations en rédaction de business plan,
  • Des simulations de pitchs devant des investisseurs,
  • Des matchings avec bailleurs ou fonds d’impact.

Impact :

  • 12 start-up ont levé des fonds entre 2022 et 2024,
  • Création d’un cercle de mentors-investisseurs dans la région.

3. HEKIMA FUND – Le capital-risque social à la sauce Kivu

HEKIMA FUND est un fonds de capital d’amorçage basé à Bukavu, mais actif à Goma depuis 2023. Soutenu par des partenaires suisses et congolais, il investit entre 5 000 et 20 000 USD dans des start-up à fort potentiel d’impact (éducation, santé, environnement).

« Nous cherchons les pépites invisibles : les jeunes pousses à fort potentiel social. » – Audrey Musavuli, analyste d’investissement

Exemples de projets financés :

  • Une application mobile pour consultations médicales à distance,
  • Un projet de recyclage de plastiques en pavés écologiques.

Originalité :

  • Pas de garantie exigée,
  • Accompagnement technique post-investissement de 12 mois.

Audrey Musavuli :

« Le Kivu regorge d’innovateurs. Notre travail, c’est d’apporter le carburant nécessaire pour qu’ils prennent la route. »


4. ENABEL & la GIZ – Les bailleurs qui ciblent l’entrepreneuriat jeune

Deux agences internationales, ENABEL (coopération belge) et la GIZ (coopération allemande), ont lancé ces dernières années des programmes spécifiques de soutien aux start-up locales.

GIZ – Programme ProYouth

  • Financement de 10 à 25 000 EUR pour des projets agricoles innovants.
  • Ciblage : jeunes de 18 à 35 ans.
  • Accompagnement en business planning + accès aux marchés.

ENABEL – Programme IYBA Rwanda-DRC

  • Appui à l’entrepreneuriat féminin et numérique.
  • Subventions et coaching technique.
  • Mise en relation avec les institutions financières locales.

Marie Nzanzu, bénéficiaire ProYouth :

« Sans leur aide, je n’aurais jamais pu formaliser ma start-up agricole. Ils m’ont appris à parler finance. »


5. COOPEC IMARA – Une institution de microfinance qui ose

Dans un paysage bancaire frileux, la COOPEC IMARA se démarque par une ouverture croissante au financement des start-up, avec des produits adaptés aux micro-entreprises.

« Nous croyons aux jeunes qui prennent des risques. Nous avons conçu un produit pour eux. » – Alain Mugisho, chargé de crédit PME

Produits offerts :

  • Prêt « Start+ » pour entreprises de moins de 2 ans,
  • Ticket moyen : 2 000 à 5 000 USD,
  • Taux d’intérêt réduit (1 à 1,5 %/mois),
  • Suivi trimestriel obligatoire.

Conditions :

  • Business plan sommaire,
  • Compte épargne actif pendant au moins 3 mois.

Alain Mugisho :

« En 2024, nous avons financé 18 start-up avec un taux de remboursement de 92 %. Ce n’est pas le chaos qu’on imagine souvent. »


Panorama – Qui sont les autres acteurs à surveiller ?

Nom de l'acteur Type Soutien proposé
Tushiriki ONG locale Appui aux femmes entrepreneures
Kiv’Up Collectif d’investisseurs Fonds commun d’amorçage (en gestation)
RDC Impact Lab Accélérateur Programmes de mentorat + mise en réseau
World Vision (Youth Livelihoods) ONG Subventions pour jeunes vulnérables

Conclusion

L’écosystème du financement des start-up à Goma reste jeune, mais il est en construction active. Derrière les discours pessimistes, des acteurs concrets prennent des risques, innovent dans les modèles d’appui, et croient dans la capacité des jeunes à transformer l’économie locale.

Investisseurs privés, incubateurs, institutions de microfinance, bailleurs internationaux : tous contribuent, chacun à son niveau, à bâtir un climat plus favorable à la croissance entrepreneuriale dans le Kivu.


À retenir

Lever des fonds à Goma n’est pas un mythe. Mais cela demande de la préparation, du réseau, et de savoir frapper aux bonnes portes.