Intelligence artificielle et éducation en RDC : progrès ou précipitation ?


L’annonce du 28 juillet 2025 par la ministre Raïssa Malu, portant sur l’introduction de (S- Note), (Notes Manager) S-Note Manager pour la correction automatisée des copies de l’Examen d’État, marque une rupture technologique majeure dans le paysage éducatif congolais. Mais faut-il y voir une révolution salutaire ou une réforme précipitée aux contours flous ?

Oui, c’est un bond en avant

Personne ne peut nier l’intérêt de moderniser un système de correction souvent jugé lent, coûteux et sujet à controverse. L’introduction de l’intelligence artificielle permet rapidité, uniformité, traçabilité, et témoigne d’une volonté politique de faire entrer l’éducation congolaise dans une ère de transparence numérique. La création de centres spécialisés à Mbuji-Mayi et Lubumbashi va également dans le sens d’une meilleure organisation logistique.

Mais…

À quelles conditions ce progrès sera-t-il réellement bénéfique ?

Car une réforme technologique n’est pas qu’un simple changement d’outils : c’est un changement de culture, de pratiques, de responsabilités.

Plusieurs interrogations demeurent :

  • Qui contrôle l’algorithme de correction ? Quel est le degré de transparence dans sa conception ? L’opacité technologique pourrait rapidement devenir un nouveau terrain de contestation.
  • Les enseignants, inspecteurs et correcteurs sont-ils formés à ce nouvel environnement ? L’IA ne doit pas être un substitut à l’intelligence humaine, mais un appui.
  • Les inégalités d’accès au numérique ne risquent-elles pas d’aggraver la fracture éducative ? La qualité d’un système automatisé dépend aussi de la qualité des copies numérisées, de l’électricité disponible, de la connectivité stable des conditions encore inégales sur l’ensemble du territoire congolais.

Moderniser sans exclure, automatiser sans déshumaniser

L’ambition du gouvernement est claire : un système plus rapide, plus fiable, plus équitable. Mais cette ambition doit s’accompagner de garanties de transparence, d’une inclusion territoriale, et surtout d’une concertation avec les acteurs de terrain.

Car l’école congolaise ne se répare pas uniquement avec des machines, mais avec une vision, de la confiance et des moyens humains.