Bukavu en flammes, Kigali en renfort : une leçon de bon voisinage

Un incendie d’ampleur a frappé un quartier commerçant de Bukavu. Face à l’urgence, un camion anti-incendie venu du Rwanda avec son équipe est intervenu pour appuyer les secours locaux. Une illustration frappante de la coopération transfrontalière et du bon voisinage face aux catastrophes.

Un geste rare mais porteur d’espoir s’est produit ce jeudi à Bukavu, dans le quartier de Nguba : alors que les flammes ravageaient plusieurs habitations, le Rwanda a dépêché en urgence une équipe complète de sapeurs-pompiers avec un camion anti-incendie pour porter secours aux sinistrés. Dans une région trop souvent marquée par la méfiance, les tensions et les blessures du passé, cette intervention est un signe fort de solidarité et de coopération transfrontalière.

C’est cela, l’Afrique que nous voulons : une Afrique où les frontières cessent d’être des barrières, pour devenir des ponts de protection mutuelle. Une Afrique où, face à l’urgence, la fraternité prend le dessus sur la rivalité. L’action du Rwanda à Bukavu illustre ce que pourrait être un avenir partagé entre le Congo, le Rwanda, et plus largement, la région des Grands Lacs : une communauté de destin, solidaire et responsable.

Cependant, ce geste fraternel ne doit pas masquer une réalité plus préoccupante. La RDC reste dangereusement vulnérable face aux catastrophes humanitaires et aux sinistres. Nos villes, souvent densément peuplées, manquent d’infrastructures modernes et de services d’urgence adéquats. Comment comprendre qu’une ville comme Bukavu, capitale provinciale et métropole en expansion, dépende de l’aide étrangère pour éteindre un incendie ?

Madame la Première ministre Judith Suminwa, Monsieur le Président Félix Tshisekedi, il est urgent d’investir sérieusement dans la prévention et la gestion des catastrophes : former des pompiers, équiper les villes en matériels modernes, anticiper les risques et renforcer la résilience des populations. Une politique nationale de protection civile n’est plus un luxe, c’est une nécessité.

Le brasier de Bukavu a fait resurgir nos faiblesses mais aussi mis en lumière une voie possible : celle de la coopération régionale sincère. Puissions-nous transformer cet épisode en point de départ d’une nouvelle ère, où le Congo et le Rwanda, mais aussi toute l’Afrique, se protégeront mutuellement. Parce qu’aucune maison, aucune vie, ne devrait être abandonnée aux flammes de la négligence.