L’économie informelle : une force sous-estimée

Patient NGANDU - Directeur de publication 

Dans les rues animées de Goma, l’économie bat son plein. Elle ne se limite pas aux grandes entreprises, aux banques ou aux sociétés officiellement enregistrées. Elle vit aussi, et surtout, dans les étals improvisés, les ateliers de couture, les pousse-pousse, les salons de coiffure de quartier et les vendeurs de crédit téléphonique. Ce vaste univers, souvent ignoré par les politiques économiques, constitue pourtant l’économie informelle, véritable poumon de la ville.

Souvent perçus comme des acteurs marginaux ou illégaux, les travailleurs informels représentent la majorité de la population active de Goma. Ils fournissent des biens et services essentiels, pallient les défaillances du système public, et créent des sources de revenus pour des milliers de familles. Pourtant, ils évoluent dans la précarité, sans accès à la sécurité sociale, à la protection juridique, ni aux financements formels.

Il est temps de changer de regard sur cette économie. Loin d’être un frein au développement, elle en est un moteur puissant, révélateur de l’ingéniosité, de la résilience et de la capacité d’innovation des Gomatraciens. Mais pour libérer pleinement ce potentiel, il est impératif de mettre en place des politiques publiques adaptées : accompagnement à la formalisation progressive, accès au microcrédit, régulation souple, formation et protection sociale minimale.

Valoriser le travail informel, ce n’est pas simplement l’encadrer administrativement. C’est reconnaître sa contribution réelle à la croissance locale, à la lutte contre le chômage et à la stabilité sociale. C’est aussi faire preuve de justice économique, en intégrant ces milliers de travailleuses et travailleurs dans un projet commun de développement.

Goma ne pourra bâtir une économie solide et inclusive qu’en intégrant toutes ses forces vives. L’économie informelle en fait partie. Il est temps de lui donner la place qu’elle mérite.