E-Diplôme : Quand l’innovation se transforme en arnaque
Annoncé à grand renfort de communication comme une avancée numérique majeure, le système « E-Diplôme » vient de s’installer dans le paysage éducatif congolais. Une initiative censée moderniser la délivrance des attestations de réussite et sécuriser les documents scolaires, mais qui, à l’épreuve des faits, suscite plus d’indignation que de fierté.
Pour les parents d’élèves, la désillusion est amère. Derrière l’étiquette de la modernité, ils découvrent une nouvelle ponction financière. Chaque finaliste est contraint de payer 4 dollars s’il procède lui-même à la démarche en ligne, ou jusqu’à 10 dollars s’il passe par l’Inspection générale de l’Éducation. Un paiement exigé via le Mobile Money, principalement à travers Vodacom.
Ce qui devait être un outil de facilitation devient ainsi un business juteux. Avec plus de 700.000 finalistes cette année, l’État (ou ceux qui tirent les ficelles de cette opération) pourrait engranger plus de 2,8 millions de dollars. Et pour quoi ? Pour une attestation de réussite qui, selon plusieurs observateurs, devrait être délivrée gratuitement, d’autant plus que les familles ont déjà payé tous les frais liés à l’Examen d’État.
La colère est d’autant plus vive que cette attestation est désormais la seule preuve exigée pour s’inscrire à l’université. Autrement dit, sans elle, impossible de poursuivre ses études supérieures. Les familles se retrouvent piégées dans un système obligatoire, sans alternatives, rappelant tristement le scandale de la taxe RAM, où des millions de Congolais avaient été forcés de payer pour un service qu’ils n’avaient jamais demandé.
Le Journal OWANDJI estime que l’innovation n’a de sens que si elle allège la vie des citoyens. Le numérique, loin d’être un prétexte à racket, devrait être un levier de transparence et d’accessibilité. Dans ce cas précis, la démarche a tout l’air d’une machine à cash, montée sur le dos des parents et des élèves, en contradiction totale avec l’esprit d’un État responsable.
Nous appelons les autorités à revoir d’urgence cette mesure. Si l’objectif est réellement de sécuriser les diplômes et de lutter contre la fraude, alors l’État doit assumer ses responsabilités et garantir la gratuité de cette attestation. Les élèves ne doivent pas être les otages d’un système où l’éducation, censée être un droit, devient une marchandise.
L’innovation oui, l’extorsion non.