Pain moins cher à Kinshasa : bonne nouvelle ou illusion de soulagement ?
Kinshasa se réveille avec une bonne nouvelle : le pain coûte moins cher. Chez Pain Victoire, le fameux Kanga Journée passe de 500 FC à 400 FC. Chez UPAK, le pistolet tombe de 400 FC à 300 FC. Les vendeuses et les consommateurs applaudissent. Certains remercient même les autorités.
Mais derrière cette euphorie populaire, une question essentielle demeure :
La baisse des prix du pain est-elle le signe d’une économie qui va mieux… ou simplement un geste ponctuel pour calmer la pression sociale ?
Quand le pain devient un baromètre social
Le pain, dans la capitale congolaise, n’est pas un simple produit alimentaire : c’est un indicateur de survie, un révélateur du pouvoir d’achat réel. Si son prix baisse, c’est tout un peuple qui respire. Mais pour combien de temps ?
Car il faut se méfier des mirages économiques :
- Le prix du pain baisse, mais le prix du transport est-il descendu ?
- Le pain grossit, mais le salaire du travailleur grossit-il aussi ?
- Les consommateurs remercient les autorités, mais qu’en disent les producteurs et les importateurs de matières premières ?
Le défi : transformer une exception en politique durable
Si cette baisse est le résultat d’une politique de soutien au secteur agroalimentaire, alors bravo. Mais si elle n’est qu’une opération de communication sans réforme structurelle, alors l’euphorie ne durera pas plus longtemps qu’un pain consommé à la pause de 10h.
Le Congo n’a pas besoin de réductions temporaires mais de solutions permanentes :
- Soutien aux producteurs locaux de farine,
- Stabilisation du taux de change,
- Réduction du coût de l’énergie dans les boulangeries,
- Transport fluide et sécurisé des marchandises.
Tant que ces questions ne seront pas réglées, le pain pourrait redevenir plus cher du jour au lendemain. Et les applaudissements d’aujourd’hui se transformeront à nouveau en lamentations.
Le Journal OWANDJI salue les boulangeries qui ont baissé les prix. Mais il rappelle ceci :
Le vrai progrès économique ne se mesure pas à la baisse d’un pain… mais à sa stabilité dans le temps.