Nord-Kivu : une taxe de reconstruction, entre espoir et inquiétudes


Depuis le 13 octobre, une nouvelle taxe spéciale de reconstruction est entrée en vigueur au Nord-Kivu. Elle vise, selon l’arrêté provincial, à collecter des fonds pour la réhabilitation des infrastructures dans les villes de Beni, Butembo et dans le territoire de Beni. Une initiative qui, sur le papier, répond à un besoin urgent : nos routes dégradées, nos ponts fragiles et nos infrastructures délabrées sont depuis longtemps un frein au développement, à la mobilité et au commerce.

L’annonce de cette taxe, perçue sur les véhicules de transport avec emballages non conventionnels aux barrières de Kasindi, Mavivi, Mukulya, Kangothe, Paida et Mangango, suscite toutefois un débat légitime. D’un côté, certains y voient une lueur d’espoir pour redonner souffle à des villes meurtries par des années de conflits et d’abandon. De l’autre, des inquiétudes s’élèvent : dans une province où les populations ploient déjà sous le poids de multiples taxes formelles et informelles, cette mesure ne risque-t-elle pas de nourrir davantage la méfiance et l’exaspération ?

La transparence et la redevabilité apparaissent ici comme des conditions essentielles. Car la question n’est pas seulement de lever des fonds, mais de garantir que chaque franc collecté soit effectivement investi dans la reconstruction et non dilué dans les méandres d’une gestion opaque. L’histoire récente du Nord-Kivu nous enseigne que les taxes sans suivi, sans audits publics et sans implication des communautés finissent par devenir des charges supplémentaires, sans retombées visibles.

Le Journal OWANDJI plaide donc pour que cette taxe spéciale s’accompagne d’un mécanisme clair de gestion et de contrôle : publication régulière des montants collectés, définition des projets prioritaires avec les parties prenantes locales, implication de la société civile et reddition publique des comptes. Seule une telle démarche pourra transformer cette mesure fiscale en véritable levier de reconstruction.

Car au-delà des doutes et des critiques, une vérité demeure : sans infrastructures solides, il n’y a ni développement, ni sécurité durable. Mais sans confiance, aucune taxe, aussi noble soit-elle dans son intention, ne peut réussir.