2025, une année charnière : les perceptions des Goménes sur le développement durable

L’année 2025 a été marquée à Goma par une multiplication d’initiatives liées au développement durable : gestion des déchets, énergies renouvelables, agriculture responsable, sensibilisation environnementale. Mais comment ces actions sont-elles perçues par la population locale ?
Le Journal OWANDJI a mené une enquête auprès de différents habitants de la ville afin de recueillir leurs avis, leurs attentes et leurs préoccupations.

Méthodologie de l’enquête

Cette enquête qualitative et exploratoire a été réalisée auprès d’un échantillon varié de Goménes : commerçants, jeunes, agriculteurs périurbains, chefs de ménage, acteurs de la société civile et petites entrepreneures. Les entretiens ont porté sur trois axes principaux :

  • La perception des initiatives environnementales

  • L’impact ressenti sur la vie quotidienne et l’économie locale

  • Les attentes pour l’avenir

Une prise de conscience environnementale en progression

Une large majorité des personnes interrogées reconnaissent que la question environnementale est devenue plus visible en 2025. La gestion des déchets et la salubrité urbaine sont les thèmes les plus souvent cités.

« On parle plus de propreté qu’avant, surtout dans certains quartiers où les jeunes ramassent les déchets », témoigne un habitant de Katindo.

Beaucoup saluent les actions de sensibilisation menées par des ONG, des églises et des associations de jeunes. Toutefois, plusieurs Goménes estiment que ces efforts restent inégaux selon les quartiers et manquent de continuité.

Développement durable et réalités économiques : une attente forte

Pour une grande partie de la population, le développement durable est d’abord perçu à travers son impact économique. Les Goménes interrogés associent fortement durabilité et création d’emplois.

« Si c’est durable mais que ça ne nous aide pas à vivre, ça reste un discours », explique un commerçant du marché Virunga.

Les initiatives liées aux énergies solaires et au recyclage sont perçues positivement, car elles génèrent des revenus et réduisent certaines dépenses, notamment en carburant ou en électricité. Néanmoins, beaucoup dénoncent le coût élevé des solutions dites durables, jugées encore inaccessibles pour la majorité des ménages.

Agriculture durable : espoir et scepticisme

Dans les zones périphériques de Goma, l’agriculture durable suscite un intérêt croissant. Les agriculteurs interrogés reconnaissent les avantages des pratiques écologiques, mais expriment des inquiétudes.

« On nous parle de bio, mais sans semences, sans crédit, c’est difficile », confie un agriculteur de Mugunga.

Le manque de financement, d’encadrement technique et d’accès aux marchés demeure un frein majeur. Pour beaucoup, 2025 a été une année d’expérimentation plus que de transformation profonde.

Un regard critique sur le rôle des autorités

Un point revient fréquemment dans les réponses : le rôle jugé insuffisant des autorités publiques. De nombreux Goménes estiment que les initiatives de développement durable reposent trop sur les ONG et les communautés, avec peu d’implication visible des pouvoirs publics.

« Les projets commencent bien, mais sans suivi de l’État, ils disparaissent », souligne une actrice de la société civile.

Cette perception alimente une certaine méfiance, mais aussi une forte attente de politiques publiques plus cohérentes et inclusives.

Attentes pour l’avenir

À l’issue de l’enquête, plusieurs attentes claires se dégagent pour les années à venir :

  • Plus de soutien financier aux initiatives locales

  • Une meilleure accessibilité des solutions durables pour les ménages modestes

  • Une implication plus forte des autorités locales

Conclusion de l’enquête

Pour les Gomatraciens, 2025 apparaît bien comme une année charnière. Les efforts en matière de développement durable sont visibles et globalement appréciés, mais jugés encore insuffisants face aux réalités sociales et économiques de la ville. La population exprime une volonté claire : voir le développement durable devenir une réalité concrète, accessible et bénéfique pour tous.

Cette enquête révèle une chose essentielle : à Goma, la réussite du développement durable dépendra avant tout de l’adhésion des populations locales et de leur participation active aux solutions de demain.

Journal OWANDJI