Le microcrédit, moteur de l’autonomie économique à Goma

Patient NGANDU - Directeur de publication 

À Goma, comme dans de nombreuses régions d’Afrique, la pauvreté demeure un défi structurel, freinant l’épanouissement socio-économique d’une large part de la population. Face à ce constat, le microcrédit émerge depuis plusieurs années comme un levier puissant pour stimuler l’autonomie financière des populations marginalisées. En ciblant celles et ceux qui sont exclus des circuits bancaires classiques – femmes, jeunes, travailleurs informels – la microfinance offre une alternative concrète pour entreprendre, produire et sortir progressivement de la précarité.

Le microcrédit repose sur une idée simple mais puissante : de petits prêts, accordés sans garanties formelles, peuvent générer des impacts considérables lorsqu’ils sont bien orientés. À Goma, de nombreuses initiatives locales – coopératives, mutuelles d’épargne et de crédit, associations de femmes – démontrent que l’accès à un capital, même modeste, permet de lancer des activités génératrices de revenus : commerce de proximité, artisanat, agrotransformation, services. Ces microentreprises, souvent à taille humaine, jouent un rôle fondamental dans l’économie locale en créant de l’emploi, en diversifiant les sources de revenus familiaux et en renforçant le tissu entrepreneurial de proximité.

Mais au-delà de l’impact économique direct, le microcrédit a une portée sociale profonde. Il participe à la dignité retrouvée des bénéficiaires, qui deviennent acteurs de leur propre développement. Pour de nombreuses femmes, il constitue un véritable outil d’émancipation, leur permettant de sortir de la dépendance économique et d’affirmer leur rôle dans la sphère publique. Chez les jeunes, il offre une voie d’insertion économique, dans un contexte où les opportunités d’emploi salarié sont rares.

Cependant, l’efficacité du microcrédit dépend fortement de la qualité de l’accompagnement. Le risque de surendettement, l’analphabétisme financier et les pratiques abusives de certains opérateurs sont des réalités qui nécessitent vigilance et régulation. Le microcrédit ne peut pas être un remède universel : il doit s’inscrire dans un écosystème favorable, avec des formations à la gestion, des mécanismes d’épargne solidaires et une gouvernance inclusive.

À Goma, il est temps de renforcer le cadre de la microfinance pour en faire un pilier structurant du développement local. Cela passe par un appui accru aux institutions de microfinance sérieuses, une régulation adaptée aux réalités du terrain, et une reconnaissance du rôle stratégique du microcrédit dans les politiques publiques de lutte contre la pauvreté. Les autorités, les ONG, les bailleurs et les acteurs économiques doivent conjuguer leurs efforts pour bâtir une économie plus inclusive, où chacun a les moyens de réaliser son potentiel.

Dans une ville en pleine mutation, marquée par les défis de l’urbanisation rapide, du chômage et de la précarité, le microcrédit incarne une réponse pragmatique et humaine. Il ne s’agit pas seulement de prêter de l’argent, mais de faire confiance. Et c’est peut-être là, dans cette confiance accordée aux initiatives locales, que réside la véritable transformation.