Comment investir à Goma : guide pour les entrepreneurs


Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu en République démocratique du Congo, attire de plus en plus l’attention des investisseurs locaux et internationaux. Sa position stratégique au cœur des Grands Lacs, sa population jeune et dynamique, et son marché en expansion font de cette ville une destination d’investissement à fort potentiel.

Cependant, pour réussir à Goma, il ne suffit pas d’avoir une bonne idée. Il faut comprendre l’environnement des affaires, maîtriser les démarches administratives et choisir les bons secteurs. Voici un guide complet et pratique à l’intention des entrepreneurs intéressés à investir dans cette ville en pleine transformation.


1. Comprendre le contexte local

Avant de lancer un projet à Goma, il est essentiel de s’imprégner de la réalité socio-économique locale :

  • Population jeune et en croissance rapide, avec une demande forte en services de base (logement, éducation, santé, énergie, alimentation) ;
  • Marché régional dynamique, en lien avec Gisenyi (Rwanda) et Bukavu (Sud-Kivu) ;
  • Présence d’ONG, agences onusiennes et projets de développement qui dynamisent certains secteurs ;
  • Défis à considérer : instabilité sécuritaire dans certaines zones périphériques, accès limité à l’énergie et aux infrastructures, bureaucratie.

👉 Conseil : Prenez le temps de faire une étude de marché locale et de rencontrer les acteurs économiques (PME, chambres de commerce, ONG, autorités locales).


2. Démarches administratives pour créer une entreprise

Voici les étapes clés pour s’enregistrer comme investisseur ou entrepreneur à Goma :

a. Choisir la forme juridique de l’entreprise

  • Entreprise individuelle : simple à créer, mais la responsabilité est illimitée.
  • Société à responsabilité limitée (SARL) : forme la plus utilisée pour les PME.
  • Société anonyme (SA) : pour des projets de grande envergure.

b. S’immatriculer au Guichet Unique de Création d’Entreprise (GUCE)

  • Le GUCE de Goma centralise toutes les démarches : Registre du commerce, numéro d’impôt (NIF), affiliation à la CNSS, etc.
  • Délais moyens : 3 à 7 jours ouvrables si le dossier est complet.

c. Documents requis

  • Statuts de la société,
  • Copie des pièces d’identité ou passeports des fondateurs,
  • Preuve d’adresse (bail ou certificat d’occupation),
  • Preuve de capital (minimum : 100 USD pour une SARL).

d. Licences spécifiques

Certains secteurs exigent des licences supplémentaires : santé, éducation, télécoms, sécurité privée, énergie.

👉 Conseil : Faites-vous accompagner par un cabinet juridique local ou un notaire pour éviter les erreurs fréquentes.


3. Les secteurs porteurs pour l’investissement

Goma connaît une dynamique particulière dans plusieurs secteurs. Voici ceux qui présentent actuellement le plus fort potentiel :

a. Construction et immobilier

  • Forte demande en logements, bureaux, hôtels.
  • Croissance des quartiers périphériques (Mugunga, Katindo II, Himbi).
  • Opportunités dans les logements sociaux, habitat écologique, et la préfabrication.

b. Agro-industrie et agriculture

  • Terres fertiles à proximité (Masisi, Rutshuru, Nyiragongo).
  • Besoin de transformation locale (maïs, haricots, fruits, café, lait).
  • Fort potentiel dans l’agriculture urbaine, l’élevage, et la chaîne du froid.

c. Énergie et environnement

  • Coupures d’électricité fréquentes : demande pour le solaire domestique, mini-réseaux et groupes électrogènes.
  • Investissements dans le biogaz, les déchets recyclables, l’assainissement.

d. Tourisme et hôtellerie

  • Attractivité du Parc des Virunga, du lac Kivu, des volcans.
  • Demande croissante en hébergements écologiques, circuits touristiques locaux, restauration haut de gamme.

e. Numérique et télécommunications

  • Marché numérique en pleine éclosion.
  • Opportunités dans les cybersécurités, start-ups tech, applications locales, services de e-commerce et formation digitale.

👉 Conseil : Ciblez les secteurs à forte demande locale et pensez à intégrer des solutions technologiques ou durables.


4. Accès au financement

Le financement est souvent un obstacle majeur pour les entrepreneurs à Goma. Voici quelques pistes à explorer :

  • Institutions financières locales : Rawbank, EquityBCDC, TMB, Sofibanque ;
  • Microfinances et coopératives d’épargne (COOPEC, PAIDEK, Mecreco) ;
  • Fonds d’investissement régionaux : Proparco, Kiva, FPM-Equity ;
  • Incubateurs et concours de start-ups : Kin Startup Academy, I4Policy, Hub Bukavu ;
  • Partenariats avec des ONG de développement : financement de chaînes de valeur agricoles, formations, appui à l’entrepreneuriat féminin.

👉 Conseil : Soignez votre business plan et votre pitch deck : clairs, chiffrés, avec une vraie proposition de valeur locale.


5. Fiscalité et incitations à l’investissement

a. Régime fiscal de base

  • Impôt sur les bénéfices : 30 %
  • TVA : 16 %
  • Impôt professionnel sur les rémunérations : entre 3 et 30 %
  • Autres taxes locales (licence, patente, etc.)

b. Incitations fiscales

  • Exonérations temporaires pour les investissements dans les zones prioritaires ou secteurs stratégiques ;
  • Zones économiques spéciales à venir (projet du gouvernement pour la région Est) ;
  • Accords de non-double imposition (ex : RDC-Rwanda, RDC-Ouganda).

👉 Conseil : Contactez l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) ou les guichets provinciaux du ministère du Plan pour les derniers dispositifs.


6. Relations avec l’administration et les partenaires locaux

L’un des facteurs clés de réussite à Goma est la gestion des relations avec les autorités locales, les chefs de quartier et les acteurs communautaires.

  • Informez et impliquez les communautés locales dès le début de votre projet.
  • Travaillez avec les autorités de manière transparente.
  • Adoptez une approche respectueuse de la culture locale et des dynamiques foncières.

👉 Conseil : Intégrez une stratégie de responsabilité sociale (RSE) à votre projet (emploi local, formation, soutien communautaire).


7. Bonnes pratiques et erreurs à éviter

À faire :

  • Visiter Goma au moins 1 à 2 fois avant de vous installer.
  • S’associer à des partenaires locaux crédibles.
  • Protéger vos droits fonciers (bail, titres enregistrés).
  • Être patient et persévérant : le processus peut être lent.

À éviter :

  • Sous-estimer les coûts logistiques (transport, douanes, énergie).
  • Lancer un projet sans autorisation ou en dehors du cadre légal.
  • S’appuyer uniquement sur des intermédiaires non officiels.
  • Ignorer les dynamiques sécuritaires et sociales.

Conclusion : investir à Goma, un pari audacieux mais stratégique

Goma est une ville de contrastes : à la fois risquée et pleine d’opportunités, imprévisible mais prometteuse. Pour ceux qui savent naviguer avec prudence, s’adapter aux réalités locales et apporter des solutions utiles, les perspectives sont vastes.

Investir à Goma aujourd’hui, c’est participer à la transformation d’une ville au cœur de l’Afrique, et y inscrire une entreprise dans la durée, avec un impact réel sur le développement économique et social.