Comment Stimuler un Commerce Transfrontalier Durable et Inclusif

Rubavu

Le commerce transfrontalier est souvent présenté comme un levier majeur de croissance pour les économies locales. À Goma, sa position stratégique entre le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi fait de la ville un carrefour commercial naturel. Mais pour que cette dynamique bénéficie réellement à l’ensemble de la population y compris les petites entreprises, les femmes, et les jeunes il est urgent de réfléchir à un modèle plus durable et inclusif.


1. Formaliser sans exclure

Une grande partie du commerce transfrontalier à Goma est informelle, particulièrement dans les secteurs portés par les femmes et les jeunes. Pourtant, les politiques de régulation actuelles tendent à marginaliser ces acteurs, en les soumettant à des exigences inadaptées à leur réalité économique.

Proposition : Mettre en place des mécanismes de formalisation progressive : régimes fiscaux simplifiés, enregistrement souple des microentreprises, accès facilité à l’information douanière.


2. Accroître l’accès au financement pour les PME

Les petites entreprises, souvent à la base du commerce transfrontalier (vente de produits agricoles, artisanat, vêtements, services), manquent cruellement de capital de roulement et de garanties bancaires.

Proposition : Créer des fonds de garantie communautaires, développer les coopératives d’épargne transfrontalières, et encourager le microcrédit ciblé pour les commerçants transfrontaliers débutants, notamment les femmes.


3. Renforcer les capacités locales

Le commerce régional est de plus en plus complexe : normes sanitaires, fiscalité croisée, traçabilité, négociation douanière. Sans accompagnement, les petits acteurs ne peuvent suivre.

Proposition : Développer des programmes de formation continue en logistique, gestion, négociation et commerce extérieur  en partenariat avec les chambres de commerce, ONG, et centres de formation.


4. Intégrer les femmes et les jeunes dans les politiques commerciales

Bien que les femmes dominent certains segments du commerce transfrontalier (petit négoce, agriculture, artisanat), elles restent sous-représentées dans les instances de décision et les structures de soutien.

Proposition : Créer des cadres de concertation inclusifs, où les femmes commerçantes et les jeunes peuvent participer à l’élaboration des politiques locales de commerce, et veiller à une représentation équitable dans les coopératives et syndicats.


5. Investir dans les infrastructures durables

Sans routes fiables, sans marchés structurés, sans postes frontaliers modernes, l’inclusivité reste un vœu pieux. Trop souvent, les commerçants vulnérables payent le prix du manque d’infrastructures en temps, en argent, et en sécurité.

Proposition : Accélérer les investissements transfrontaliers dans les routes rurales, les centres de stockage, les plateformes de dédouanement rapide, et surtout dans les zones de commerce sécurisé destinées aux petits acteurs.


6. Encourager une gouvernance régionale participative

Le commerce transfrontalier ne peut être durable s’il repose uniquement sur des logiques nationales. Il faut une coordination régionale efficace entre les villes frontalières (comme Goma et Rubavu), impliquant les autorités locales, les organisations de commerçants, et les organes techniques.

Proposition : Mettre en place des comités mixtes locaux transfrontaliers pour gérer ensemble les questions de sécurité, de fiscalité, et de mobilité commerciale.


Conclusion : L’équilibre entre croissance et équité

Stimuler un commerce transfrontalier durable et inclusif à Goma, ce n’est pas seulement fluidifier les échanges ou maximiser les recettes fiscales. C’est construire un écosystème économique où chaque acteur, même le plus petit, trouve sa place et ses opportunités. Cela demande des choix politiques clairs, des partenariats locaux transversaux, et une vision qui dépasse les frontières administratives.