Agriculture congolaise : des discours aux actes ?

À Menkao, le lancement officiel de la campagne agricole 2025-2026 a rappelé, une fois de plus, la place centrale que devrait occuper l’agriculture dans l’économie congolaise. Le Président Félix Tshisekedi a insisté sur l’urgence de parachever l’écosystème légal, de renforcer la recherche à l’INERA et de donner de la cohérence aux multiples initiatives agricoles. Des priorités justes et nécessaires. Mais combien de fois avons-nous déjà entendu ces mêmes annonces, sans que la terre en ressente les effets ?

Le ministre d’État Muhindo Nzangi a fixé cinq axes clairs : coordination, semences, intrants, mécanisation et valorisation des agents. Sur le papier, tout semble aligné. On parle de relancer l’INERA, de produire localement engrais et pesticides, de mettre en circulation des brigades mécanisées, et même de créer un Fonds permanent de développement agricole. Les symboles sont forts : remise de tracteurs, bus pour les agents, campagne pour le café et le cacao.

Mais la question qui hante les esprits reste la même : et sur le terrain ? Les agriculteurs, les coopératives, les multiplicateurs de semences attendent depuis des mois le paiement de leurs factures. Des tracteurs ont été distribués gratuitement, mais beaucoup finissent immobilisés ou accaparés par quelques-uns. Les intrants demeurent hors de portée de la majorité des paysans. Pendant ce temps, les prix alimentaires flambent et les importations étranglent notre balance commerciale.

Relancer l’agriculture ne peut pas se réduire à une cérémonie ou à un communiqué. Cela suppose d’abord une volonté ferme d’honorer les engagements pris vis-à-vis des acteurs locaux, de mettre en place une chaîne de valeur fonctionnelle et de créer une véritable équité d’accès aux ressources. La terre congolaise est fertile. Le paysan congolais a la volonté. Ce qu’il manque, c’est la cohérence et la continuité des politiques publiques.

À chaque saison agricole, nous sommes invités à espérer. Il est temps de passer de l’espoir au concret, du symbole au champ labouré, du tracteur sur la photo au tracteur dans la parcelle. Comme l’a dit le Ministre : « Le Chef de l’État a donné les moyens. C’est à nous désormais de faire notre part. » Qu’il en soit ainsi, mais cette fois, pour de vrai.