Les initiatives innovantes pour l’éducation et la formation professionnelle à Goma


Face aux défis de l’inadéquation entre les compétences disponibles et les besoins du marché du travail, plusieurs acteurs à Goma redoublent d’ingéniosité pour proposer des modèles alternatifs de formation, adaptés, pratiques et tournés vers l’avenir. Ces initiatives, portées par des ONG, des entreprises locales et parfois soutenues par les autorités publiques, tracent une voie nouvelle pour une formation professionnelle plus inclusive, plus connectée et plus durable.


1. Former autrement : les écoles d’artisanat réinventées

Dans les quartiers comme Ndosho ou Himbi, des centres de formation artisanale se modernisent, intégrant des méthodes d’apprentissage basées sur la pratique directe, l’auto-entrepreneuriat, et la valorisation du savoir-faire local.

Le Centre Kazi kwa Vijana propose par exemple des modules en couture, fabrication de chaussures, menuiserie et transformation locale, avec une pédagogie orientée vers la création de micro-entreprises. Les bénéficiaires repartent non seulement avec des compétences, mais aussi avec un kit de démarrage.

« Nous ne voulons pas seulement former des ouvriers, mais des créateurs d’activité », affirme le coordonnateur du centre.


2. Le numérique comme accélérateur d’opportunités

Avec la montée en puissance des technologies, des programmes locaux misent sur le numérique comme levier d’insertion. L’initiative "Goma Digital Academy", portée par une startup locale avec le soutien d’un partenaire canadien, propose des formations intensives en développement web, design graphique, marketing digital et bureautique avancée.

L’accent est mis sur :

  • Les formations courtes (3 à 6 mois)
  • Les projets pratiques encadrés
  • L’accès à des certifications en ligne
  • Le lien direct avec des employeurs partenaires

« Certains de nos apprenants travaillent à distance pour des clients à Kinshasa ou même à l’étranger », témoigne une formatrice.


3. L’émergence des “métiers verts” et de l’éco-formation

Avec les enjeux environnementaux croissants dans la région du Kivu, des projets pilotes s’organisent autour des métiers verts. À l’initiative d’une ONG locale, le projet "Eco-Métier Goma" forme des jeunes en :

  • Fabrication de briques écologiques
  • Installation de panneaux solaires
  • Gestion des déchets et recyclage
  • Agriculture urbaine et permaculture

Ce type de formation permet non seulement de réduire l’impact écologique, mais aussi de créer des emplois durables et socialement utiles.


4. Les FabLabs et ateliers collaboratifs : innover en créant

Le Fablab GomaLab, installé dans les locaux d’une université, est un autre exemple d’innovation éducative. Il met à disposition des jeunes des machines de prototypage (imprimantes 3D, découpeuses laser, équipements électroniques) et les accompagne dans la conception de solutions locales.

Des projets remarquables y ont vu le jour :

  • Des prothèses imprimées en 3D
  • Des stations de lavage des mains automatiques
  • Des kits de capteurs agricoles connectés

Ces initiatives favorisent la créativité technique, l’apprentissage par le "faire", et le travail collaboratif.


5. Un écosystème de plus en plus interconnecté

Derrière ces projets, on retrouve une synergie croissante entre ONG, entrepreneurs sociaux, entreprises locales et institutions publiques. Le programme TUMA+ en est un exemple : il a permis, à travers des hackatons et des incubations, de connecter jeunes innovateurs, formateurs et décideurs locaux.

Des mécanismes d’accompagnement sont aussi mis en place :

  • Accès au microcrédit pour les jeunes formés
  • Bourses d’apprentissage pour les filles
  • Coopérations internationales pour la mobilité et les échanges

Conclusion : Une dynamique prometteuse à amplifier

Si ces initiatives innovantes n’ont pas encore atteint l’ensemble de la jeunesse de Goma, elles ouvrent la voie à un nouveau modèle de formation professionnelle : plus ancré dans le territoire, plus proche des réalités économiques, et plus soucieux de l’inclusion sociale.

Ce sont ces efforts, souvent discrets mais puissants, qui préparent aujourd’hui les compétences de demain. Pour amplifier leur impact, il faut désormais les soutenir, documenter, mutualiser et essaimer.