Universités congolaises : l’urgence d’un saut numérique
Kinshasa vient de refermer l’année académique 2024-2025. Mais le discours du recteur de l’Université de Kinshasa, Jean-Marie Kayembe, restera sans doute comme l’un des moments forts de cette cérémonie. Car il ne s’est pas contenté de dresser un bilan académique : il a lancé un véritable cri d’alarme sur la nécessité de digitaliser les institutions universitaires en République démocratique du Congo.
À l’heure où les grandes universités africaines et mondiales multiplient les cours en ligne, les bibliothèques virtuelles et les programmes de recherche connectés, la RDC accuse un retard préoccupant. Comment espérer former une génération compétitive, lorsque l’accès à Internet demeure aléatoire, que les ressources numériques sont quasi inexistantes et que l’innovation pédagogique reste marginale ?
Le constat du recteur est sans appel : à l’UNIKIN, une seule faculté dispose d’une bibliothèque virtuelle, celle de médecine. Pour un campus qui compte 13 facultés, il en faudrait au minimum sept, capables de mettre nos chercheurs en dialogue avec leurs pairs du reste du monde. Faute de quoi, les étudiants congolais restent prisonniers d’un système académique encore trop ancré dans le papier, avec des ressources limitées et une ouverture réduite.
La digitalisation n’est pas une option, mais une condition de survie pour l’enseignement supérieur congolais. Elle permettrait :
- d’élargir l’accès au savoir grâce à l’enseignement à distance ;
- de moderniser la recherche en connectant les chercheurs aux bases de données internationales ;
- de réduire les inégalités entre institutions urbaines et rurales ;
- et de renforcer l’attractivité des universités congolaises face à la concurrence régionale.
Le Journal OWANDJI salue ce plaidoyer courageux et appelle le gouvernement, à travers le ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire, à sortir des demi-mesures. La digitalisation ne doit plus être confiée à des prestataires sans vision ni stratégie. Elle doit devenir un projet national structurant, avec un budget clair, un plan d’investissement dans les infrastructures numériques et une volonté politique ferme.
Car une chose est sûre : un pays qui néglige l’enseignement supérieur se condamne à dépendre des autres. À l’inverse, une université numérisée, connectée et moderne peut devenir le moteur d’une RDC compétitive, innovante et tournée vers l’avenir.
