Le pari de la dédollarisation, entre prudence et audace

La Banque centrale du Congo a choisi de maintenir, depuis juillet, une orientation monétaire restrictive. Derrière cette continuité, une rupture se profile toutefois : le nouveau gouverneur, André Wameso, affiche une ambition claire redonner confiance au franc congolais et réduire la dépendance au dollar.

Le défi est immense. Depuis plus de deux décennies, la dollarisation s’est imposée comme une réponse spontanée aux fragilités macroéconomiques. Aujourd’hui encore, la majorité des transactions importantes s’effectuent en devise américaine, signe d’une méfiance persistante envers la monnaie nationale. La stabilisation observée depuis 2024 inflation en nette décélération, taux de change contenu, croissance projetée au-delà de 5% crée néanmoins une fenêtre d’opportunité.

Mais la dédollarisation ne se décrète pas. Elle se construit pas à pas, sur la base de réformes structurelles profondes : crédibiliser la politique monétaire, renforcer les instruments de régulation financière, créer un véritable marché de capitaux en franc congolais et moderniser l’écosystème bancaire. La BCC ne pourra réussir seule : l’État doit, de son côté, restaurer la confiance des citoyens par la discipline budgétaire, la lutte contre la corruption et une gestion rigoureuse des finances publiques.

À court terme, le statu quo monétaire traduit une prudence justifiée : les incertitudes sécuritaires et géopolitiques pèsent sur les projections. Mais à moyen terme, l’audace sera indispensable. Car rendre au franc congolais sa valeur et sa dignité n’est pas seulement un objectif économique. C’est aussi une question de souveraineté nationale.

La prochaine réunion du Comité de politique monétaire, en octobre, sera le premier test de la vision Wameso. La RDC s’y joue plus qu’une orientation technique : elle s’y joue une partie de son avenir économique.