Quand l’Ouganda fait vrombir l’avenir, où en est la RDC ?
L’inauguration par le président Yoweri Museveni de la plus grande usine de bus électriques d’Afrique à Jinja n’est pas un simple fait divers industriel. C’est un signal fort, un coup de klaxon assourdissant à destination de tout le continent et particulièrement de ses voisins.
Avec Kiira Motors Vehicle Plant, l’Ouganda démontre que l’Afrique n’est pas condamnée à n’être qu’un marché de consommation. Elle peut produire, innover, exporter. Dix mille véhicules par an, conçus localement, adaptés aux réalités africaines, destinés au marché régional et international : voilà une démonstration de souveraineté économique, de vision stratégique, et surtout… de volonté politique.
Pendant que Kampala assemble des bus électriques, nous, en RDC, continuons d’importer des véhicules d’occasion polluants, souvent au bord de la casse, pour engorger nos villes déjà saturées. Nous organisons des forums sur l’industrialisation, mais combien d’usines sortent réellement de terre ? Nous parlons de transition énergétique alors que nous ne maîtrisons même pas la chaîne de transformation de nos propres minerais stratégiques cobalt, lithium, nickel indispensables justement… aux batteries de ces bus électriques que produira l’Ouganda !
Le paradoxe est cruel : la RDC possède la matière première. L’Ouganda fabrique le produit fini.
Ce modèle ougandais partenariat entre université, État et industrie, vision à long terme, intégration dans une stratégie nationale (« Vision 2040 ») devrait inspirer nos gouvernants. Car l’industrialisation ne se décrète pas, elle s’organise. Elle ne se photographie pas lors d’inaugurations improvisées, elle se planifie, se finance, s’accompagne.
Museveni a déclaré que cette usine prouvait « la capacité de l’Afrique à concevoir et produire localement des solutions adaptées à ses besoins ». C’est vrai. Mais il serait temps que cette capacité ne soit plus l’exception… mais la norme.
À quand la première usine congolaise de batteries ou de véhicules électriques ? À quand un projet aligné sur notre Vision 2050, centré sur la transformation locale et non sur l’export brut ?
L’Ouganda vient de prendre une longueur d’avance. La question n’est plus de savoir si nous pouvons faire pareil. La question est : allons-nous enfin cesser de regarder passer les bus… électriques des autres ?