28 mois sans salaire : quand l’État prêche la démocratie mais affame ses propres garants

Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), censé être le gardien de l’éthique médiatique et un pilier de notre démocratie, se retrouve aujourd’hui paralysé par une crise sociale honteuse : 28 mois d’arriérés de salaire. Plus de deux ans sans rémunération. Deux ans à travailler ou tenter de travailler sans savoir comment nourrir sa famille, scolariser ses enfants ou assurer des soins de base.

Comment un État qui exige transparence et responsabilité des médias peut-il abandonner ceux qui en garantissent la régulation ? Comment parler de lutte contre la désinformation quand les agents chargés de ce combat sont eux-mêmes précarisés, humiliés, dépossédés de toute dignité ?

Les témoignages sont poignants :

« Nos enfants ne vont plus à l’école… nous perdons notre dignité », alerte un agent.

Ce n’est pas seulement un cri de détresse, c’est un acte d’accusation. Le non-paiement des salaires n’est pas une simple négligence administrative. C’est une violence sociale.

Et soyons clairs : un CSAC affamé, c’est une régulation affaiblie. Sans moyens, sans motivation, sans respect institutionnel, comment ce régulateur peut-il contrôler les médias, sanctionner les dérives, limiter les discours haineux ou les manipulations ? Dans un pays déjà fragilisé par la prolifération de fake news en période de tension politique, laisser le CSAC mourir à petit feu revient à ouvrir la porte à l’anarchie médiatique.

Le Gouvernement ne peut pas exiger l'ordre et refuser de payer ceux qui sont censés le garantir. Il ne peut pas proclamer son attachement à la démocratie tout en étouffant ses institutions d’appui.


L’heure n’est plus aux promesses, mais au paiement.

Il est temps que le Gouvernement :

  • Honore immédiatement les 28 mois de salaires dus ;
  • Applique le barème salarial signé en 2023 ;
  • Garantisse un financement durable et autonome du CSAC.

Sans cela, il faudra reconnaître que nous ne sommes pas une démocratie régulée, mais un État qui fait semblant en façade pendant que ses institutions s’effondrent dans le silence.