Portraits d’entrepreneurs engagés dans les partenariats public-privé à Goma
À Goma, certains entrepreneurs ont franchi le pas des partenariats public-privé et témoignent d’expériences à la fois exigeantes et porteuses d’opportunités. Voici trois portraits représentatifs de cette dynamique.
1. Jean-Baptiste Kambale, BTP et voirie urbaine
Fondateur d’une entreprise de construction active depuis une dizaine d’années, Jean-Baptiste a collaboré avec la mairie de Goma dans le cadre d’un contrat de réhabilitation de routes secondaires.
Son expérience :
« On pense souvent que les PPP sont réservés aux grandes entreprises étrangères. Mais si l’on est structuré et rigoureux, on peut y accéder. Le partenariat m’a permis d'investir dans du matériel moderne et de former mon personnel. »
Leçons apprises :
- La compréhension du cahier des charges est cruciale.
- La paperasse et les délais administratifs restent un obstacle.
- Le partenariat a permis de créer une soixantaine d’emplois directs.
Ce qu’il propose :
La mise en place d’un guichet unique pour accompagner les PME locales dans les démarches PPP.
2. Amina Kasereka, énergie solaire et zones périurbaines
Co-fondatrice d’une startup spécialisée dans les solutions solaires, Amina participe à un projet énergétique en cofinancement avec des partenaires publics.
Son engagement :
« Nous travaillons à l’électrification de quartiers éloignés du réseau national. Le PPP nous a permis d’accéder à un marché que nous n’aurions jamais pu approcher seuls. »
Avantages constatés :
- Visibilité accrue
- Accès à des financements bancaires via le projet
- Développement d’un service client plus structuré
Les défis rencontrés :
- La lenteur des décaissements publics
- L’obligation d’adapter son management aux exigences administratives
Impact local :
Plus de 900 ménages raccordés, et des artisans locaux formés à l’entretien des installations.
3. Patrick Mbaruku, infrastructures médicales et cliniques communautaires
Patrick dirige une PME spécialisée dans la construction et la maintenance d’infrastructures sanitaires. Il a participé à un projet de modernisation d’un centre de santé public à travers un PPP tripartite (État – privé – ONG).
Son récit :
« Le projet nous a donné accès à des marchés plus structurants. On a dû élever nos standards, mais aujourd’hui, on est capables de répondre à des appels d’offres à l’échelle régionale. »
Ce qu’il retient :
- Le PPP a favorisé l’embauche de techniciens locaux.
- L’entreprise a évolué vers une gestion plus transparente et certifiable.
- La collaboration avec les autorités a ouvert des portes dans d'autres provinces.
Ses recommandations :
Former les petites entreprises à la gestion contractuelle et à la conformité fiscale pour qu’elles ne soient pas exclues d’office.
Un message commun : les PPP peuvent émanciper les acteurs locaux
Ces portraits montrent que, lorsqu’ils incluent réellement le secteur privé local, les partenariats public-privé peuvent :
- ouvrir l’accès à des marchés plus vastes,
- renforcer les capacités techniques,
- stimuler l’emploi,
- professionnaliser les structures existantes.
Tous soulignent cependant le besoin d’un cadre plus transparent, d’un accompagnement administratif et d’une meilleure communication entre institutions et entreprises locales.