Réformer les partenariats public-privé pour un impact durable à Goma
Les partenariats public-privé (PPP) sont souvent présentés comme une solution miracle pour combler les déficits d’infrastructures et stimuler l’économie locale. Mais à Goma, leur véritable potentiel reste encore partiellement exploité. Si rien n’est réformé, ces initiatives risquent de mieux servir les intérêts institutionnels ou financiers que les besoins réels de la population.
Il est temps de repenser le modèle.
Éviter les PPP de façade
Aujourd’hui, certains projets sont lancés sous l’étiquette "PPP", mais ne respectent ni l’esprit de partenariat, ni les exigences de responsabilité partagée. Trop souvent, les entreprises locales sont exclues au profit de groupes extérieurs mieux connectés. Les communautés affectées ne sont pas consultées, les mécanismes de suivi sont faibles et l’impact social reste secondaire.
Résultat : la défiance grandit, et l’idée même de partenariat perd en crédibilité.
Imposer la transparence comme règle, pas comme exception
La première réforme indispensable concerne la transparence. Aucun PPP crédible ne peut voir le jour sans :
- publication des contrats,
- appels d’offres accessibles,
- comités de suivi indépendants,
- mécanismes de contrôle citoyen.
La confidentialité ne doit plus servir de couverture à la corruption ou au favoritisme.
Inclure réellement les entreprises locales
Un modèle durable ne peut se construire sans les opérateurs privés de Goma. Cela exige :
- des critères de participation adaptés aux PME locales ;
- des formations sur la gestion de projets PPP ;
- des dispositifs de financement et de garantie accessibles ;
- l’obligation de sous-traitance locale dans les grands contrats.
Sans inclusion économique, les PPP resteront un levier réservé à une élite.
Penser impact communautaire, pas seulement rendement financier
Un PPP doit être évalué sur ce qu’il change concrètement dans la vie des populations. L’accès à l’énergie, à l’eau, aux soins ou à l’éducation ne peut pas dépendre uniquement de logiques de rentabilité. Cela implique d’intégrer des obligations sociales : tarifs adaptés, services de proximité, participation des communautés, embauche locale.
Créer un cadre institutionnel fort et cohérent
À l’échelle provinciale, un organe dédié aux PPP devrait piloter la planification, l’accompagnement et le suivi, en lien avec le secteur privé et la société civile. Il faut aussi harmoniser les cadres juridiques provinciaux et nationaux pour éviter les blocages ou les contradictions.
Conclusion : oser une nouvelle génération de PPP
Les PPP peuvent transformer Goma, mais pas dans leur forme actuelle. Sans réforme, ils resteront des projets coûteux, mal partagés et socialement limités. Avec une gouvernance transparente, une participation locale renforcée et une logique d’impact, ils peuvent devenir un moteur durable de développement.
Réformer les PPP n’est pas un luxe, c’est une condition essentielle pour qu’ils servent réellement le public, le privé… et surtout les communautés qui en dépendent.