Quand la rumeur devient meurtrière : l’urgence du discernement

À Kisangani, une rumeur d’un autre âge sème la terreur et le chaos. L’histoire, digne d’un récit mystique, évoque la disparition du sexe masculin après une simple poignée de main. Un récit absurde en apparence, mais qui a trouvé un écho si puissant qu’il a plongé la province de la Tshopo dans une spirale de violence. Selon les autorités, près de 17 personnes ont déjà perdu la vie, lynchées sur la base de simples soupçons.

Ce phénomène, aussi inquiétant qu’irrationnel, révèle deux plaies profondes de notre société : la fragilité de la conscience collective face à la rumeur, et la violence latente qui guette lorsqu’elle est alimentée par la peur. En cédant à la panique, des citoyens se transforment en bourreaux, oubliant toute présomption d’innocence et détruisant des vies au nom d’une croyance sans fondement scientifique.

Il faut le dire clairement : aucun fait médical ou scientifique ne peut expliquer de telles disparitions. Nous sommes face à une rumeur toxique, amplifiée par la peur, les réseaux sociaux et l’absence de discernement. C’est un devoir pour chacun — leaders politiques, religieux, société civile, médias — de combattre ces dérives par l’éducation, la sensibilisation et la vérité.

Car le vrai danger n’est pas dans la poignée de main, mais dans le poison de la rumeur. Chaque victime lynchée est la preuve tragique que l’ignorance tue. Chaque silence complice face à la désinformation est une responsabilité partagée.

La RDC a besoin de bâtir une société guidée par la raison, la justice et la solidarité, et non par la peur irrationnelle et la violence. Le rôle des autorités est crucial pour rétablir l’ordre, mais aussi pour restaurer la confiance à travers une communication claire, ferme et apaisante.

À tous ceux qui, aujourd’hui, cèdent à la panique : souvenons-nous que la dignité humaine ne peut être sacrifiée sur l’autel de la superstition. La vie d’un innocent vaut plus qu’une rumeur.

L’urgence est au discernement, à la vigilance et à l’éducation. Car un peuple qui s’abandonne aux rumeurs se condamne à rester prisonnier de l’ombre, alors qu’il est appelé à marcher dans la lumière.