Perceptions des entrepreneurs locaux sur les politiques publiques à Goma
Alors que les autorités multiplient les annonces de réformes économiques, les entrepreneurs de Goma restent partagés quant à l’impact réel des politiques publiques sur leurs activités. Une enquête menée auprès d’acteurs issus de secteurs variés commerce, services, industrie légère, agriculture, technologies, restauration et transport met en lumière un ensemble de perceptions contrastées, faites d’attentes fortes, de frustrations persistantes et de propositions concrètes.
Un sentiment d’abandon institutionnel
Une majorité des entrepreneurs interrogés estiment que les politiques publiques ne tiennent pas suffisamment compte de leurs réalités. Ils dénoncent une distance entre les décisions prises et les conditions concrètes du terrain. Pour beaucoup, les réformes existent « sur papier », mais leur application reste limitée ou incohérente.
Plusieurs évoquent un manque de communication claire sur les dispositifs d’accompagnement disponibles, ce qui crée un sentiment d’exclusion, notamment parmi les PME et les jeunes porteurs de projets.
Fiscalité : entre incompréhension et pression
Le sujet le plus souvent évoqué est la pression fiscale. Les répondants parlent de taxes multiples, appliquées par différents services, parfois sans coordination. Beaucoup regrettent l’absence d’un cadre fiscal adapté à la taille et au secteur des entreprises : « On nous taxe comme des grandes sociétés alors qu’on se bat juste pour survivre », confie un commerçant du centre-ville.
Les incitations fiscales, quand elles existent, sont perçues comme difficiles d’accès ou réservées à une minorité bien connectée.
Infrastructures : un frein quotidien
Les entrepreneurs interrogés identifient le manque d’infrastructures comme l’un des principaux obstacles à leur développement. Routes dégradées, pénurie d’électricité, accès limité à l’eau et réseau internet instable plombent la rentabilité, augmentent les coûts d’exploitation et découragent les investissements.
Plusieurs soulignent que même les projets initiés ne sont pas toujours terminés ou bien entretenus.
Programmes de soutien : espoir mesuré
Certains reconnaissent des efforts récents dans la création de fonds ou d’initiatives d’appui, notamment pour les start-up, les femmes entrepreneures et les coopératives agricoles. Cependant, une large portion des répondants estime que ces actions manquent de visibilité, de transparence et de mécanismes de suivi.
L’accès au financement public ou subventionné reste perçu comme complexe, bureaucratique et parfois politisé.
Suggestions des acteurs économiques
Les entrepreneurs ayant participé à l’enquête formulent plusieurs propositions clés :
- Simplifier et harmoniser la fiscalité locale ;
- Créer un guichet unique opérationnel et accessible ;
- Renforcer les partenariats public-privé pour les infrastructures ;
- Mettre en place un fonds local de garantie pour les PME ;
- Communiquer davantage sur les réformes et dispositifs existants ;
- Impliquer les organisations patronales et chambres de commerce dans l’élaboration des politiques.
Une attente de dialogue réel
Au-delà des constats, une idée centrale ressort : les entrepreneurs veulent être considérés comme des partenaires de développement, et non comme de simples contribuables. Ils réclament un dialogue institutionnel régulier, basé sur l’écoute, la co-construction et la transparence.
L’enquête révèle ainsi un message clair : les politiques publiques peuvent devenir un levier puissant, à condition d’être adaptées, accessibles et co-construites avec ceux qui font battre le cœur économique de la ville.
