Les politiques économiques locales : réformes et résultats

Depuis quelques années, les autorités locales de Goma tentent de mettre en place des politiques économiques censées renforcer le tissu entrepreneurial. Ces initiatives touchent plusieurs domaines : fiscalité, financement, infrastructures et régulation. Mais qu’en est-il réellement des résultats ?

Sur le plan fiscal, certaines administrations ont amorcé une réduction des tracasseries liées aux paiements et à l’identification des taxes. Toutefois, l’absence d’un cadre harmonisé entre les services provinciaux, municipaux et parafiscaux continue de pénaliser les petites entreprises. Les programmes de subventions, bien qu’annoncés à plusieurs reprises, restent limités à des secteurs spécifiques comme l’agroalimentaire ou les start-up numériques, sans véritable mécanisme de suivi.

En matière d’infrastructures, des investissements publics ont été engagés, notamment dans les axes routiers urbains et l’extension de l’électricité dans certaines zones industrielles émergentes. Ces actions, bien qu’insuffisantes, ont permis à quelques entreprises d’accroître leur productivité et d’améliorer leur accès aux marchés.

Le secteur privé, quant à lui, reste soumis à une régulation souvent rigide et fragmentée. Les réformes administratives visant la simplification des procédures d’enregistrement d’entreprise ont été lancées, mais leur application demeure inégale.

Le bilan est donc contrasté : des avancées notables existent, mais les défis structurels persistent. Sans une coordination réelle entre les institutions et une écoute active des entrepreneurs locaux, les réformes peinent à produire l’impact attendu.


Fiscalité et entreprises locales : une relation complexe

Pour une grande partie des PME de Goma, la fiscalité représente autant une obligation qu’un obstacle. Les charges cumulées provenant des services fiscaux nationaux, provinciaux, municipaux et d’autres régies techniques créent un environnement difficilement supportable pour les petites structures.

Certains entrepreneurs soulignent les progrès réalisés avec l’introduction de mécanismes d’identification unique ou la digitalisation partielle des paiements. Mais les incitations fiscales, encore trop marginales, ne compensent pas les coûts élevés du fonctionnement quotidien. Les exonérations temporaires ou sectorielles sont souvent méconnues, mal expliquées ou peu accessibles.

L’impact de cette pression fiscale est visible : réduction des marges, informalisation d’activités, sous-déclaration, voire fermeture d’entreprises. Pourtant, une fiscalité bien pensée pourrait devenir un levier de croissance inclusive. Des pistes existent : harmonisation des taxes, introduction de tranches progressives adaptées à la taille des entreprises, allègements ciblés pour les secteurs stratégiques, et simplification des procédures de recouvrement.

La clé réside dans un changement de paradigme : considérer les entrepreneurs non comme des vaches à lait fiscales, mais comme des partenaires économiques à accompagner.


Infrastructures publiques : catalyseurs du développement local

Aucune entreprise ne se développe durablement sans infrastructures de base. À Goma, les défis sont bien connus : routes impraticables, accès irrégulier à l’électricité, couverture télécoms inégale et faible disponibilité de l’eau dans les zones d’activité. Ces déficits freinent la compétitivité des entreprises et augmentent leurs coûts de production.

Les transporteurs peinent à acheminer les marchandises dans des délais raisonnables, les PME industrielles recourent aux groupes électrogènes onéreux, et les services numériques restent limités par une connectivité instable. Dans ce contexte, nombre d’entreprises évoluent en mode de « survie logistique ».

Cependant, certains projets publics commencent à changer la donne. La réhabilitation de certaines artères urbaines, l’extension du réseau électrique dans les quartiers économiques, ou encore les projets de fibre optique initiés avec des partenaires privés, ouvrent des perspectives encourageantes.

Même si ces avancées restent partielles, elles montrent que les infrastructures ne sont pas un luxe mais un socle. Chaque route construite, chaque ligne électrique stabilisée, chaque connexion numérique améliorée augmente les chances de réussite des entrepreneurs locaux.

Le véritable défi est la continuité : planifier, investir et entretenir sur le long terme, avec une vision qui place l’entreprise au cœur de l’intérêt public.