OHADA : la magistrature congolaise s’impose sur la scène juridique africaine
L’élection du juge congolais Jean-Marie Kambuma Nsula à la présidence de la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) de l’OHADA marque un tournant majeur pour la justice commerciale en République démocratique du Congo et, au-delà, pour l’Afrique francophone des affaires.
Basée à Abidjan, la CCJA est l’organe juridictionnel suprême de l’OHADA. Elle garantit l’interprétation uniforme du droit des affaires dans les 17 États membres, sécurise les investissements et tranche les litiges commerciaux les plus complexes du continent. Accéder à sa présidence n’est ni symbolique ni protocolaire : c’est la reconnaissance d’une expertise juridique éprouvée, d’une rigueur professionnelle et d’une autorité morale incontestée.
Pour la RDC, longtemps perçue à travers le prisme de l’instabilité juridique et de l’insécurité des affaires, cette élection constitue un signal fort. Elle démontre que le pays dispose de magistrats de haut niveau, capables d’évoluer et de diriger au sommet des institutions juridiques internationales. Elle vient également rappeler que l’adhésion de la RDC à l’OHADA, souvent critiquée à ses débuts, commence à produire des effets structurels positifs.
Au-delà de l’homme, c’est toute une école judiciaire congolaise qui est honorée. Cette reconnaissance internationale interpelle cependant l’État congolais : comment capitaliser sur ce prestige ? Comment renforcer la formation des magistrats, moderniser les juridictions commerciales et rendre effectifs, sur le terrain, les standards OHADA que la CCJA incarne au plus haut niveau ?
Dans un contexte où l’attractivité économique dépend fortement de la sécurité juridique, la présidence congolaise de la CCJA peut devenir un levier stratégique. Elle offre à la RDC l’opportunité de repositionner son système judiciaire comme un acteur crédible du développement économique régional.
Pour le Journal OWANDJI, cette nomination n’est pas seulement une fierté nationale. Elle est un rappel essentiel : le développement ne se joue pas uniquement dans les infrastructures ou les chiffres macroéconomiques, mais aussi et surtout dans la qualité des institutions, la force du droit et la compétence des femmes et des hommes qui les incarnent.
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