Ituri Airlines : voler plus haut malgré les turbulences de la connectivité provinciale

L’arrivée du tout premier Fokker 50 d’Ituri Airlines à l’aéroport de Bangoka, à Kisangani, le vendredi 19 décembre, marque une étape discrète mais significative dans l’évolution du transport aérien provincial en République démocratique du Congo. Comme annoncée en octobre dernier, cette acquisition vient renforcer une flotte jusque-là limitée à un seul appareil, dans un secteur où chaque avion compte.

Âgé de 33 ans, le Fokker 50 ne symbolise pas la modernité technologique la plus récente. Mais dans le contexte congolais, il représente avant tout une capacité opérationnelle supplémentaire, une meilleure régularité potentielle des vols et une réponse pragmatique aux réalités du marché intérieur. Pour une jeune compagnie fondée en 2022 et basée à Bunia, il s’agit moins d’un saut spectaculaire que d’un pas mesuré vers la consolidation.

Le défi central demeure celui de la connectivité aérienne en province. Dans un pays-continent où les routes restent souvent impraticables et les distances considérables, l’aviation intérieure n’est pas un luxe, mais une nécessité économique et sociale. Pourtant, le secteur reste fragilisé par des coûts d’exploitation élevés, des exigences réglementaires strictes et une infrastructure aéroportuaire inégale.

Dans ce contexte, la stratégie d’Ituri Airlines apparaît prudente. Plutôt que de viser une expansion rapide, la compagnie semble privilégier une montée en gamme progressive, alignée sur ses capacités financières et techniques. Cette approche contraste avec certaines expériences passées où l’ambition démesurée a souvent précédé l’effondrement.

L’enjeu, toutefois, dépasse la seule compagnie. La viabilité du transport aérien provincial dépend aussi de l’environnement institutionnel : sécurité aérienne, maintenance, formation des équipages, mais aussi soutien indirect des pouvoirs publics à travers l’amélioration des infrastructures et la stabilité réglementaire.

L’arrivée de ce Fokker 50 à Kisangani n’est donc pas un événement isolé. Elle pose une question plus large : la RDC est-elle prête à bâtir un véritable réseau aérien intérieur fiable, au service de l’intégration économique nationale ? Ituri Airlines, à sa modeste échelle, apporte un début de réponse. Reste à savoir si l’écosystème suivra.

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