Assurances en RDC, l’heure de la refondation ?
L’annonce de la mise en place prochaine d’une Commission interministérielle sous la supervision directe de la Primature pour examiner l’avenir du secteur des assurances en République démocratique du Congo marque un tournant. Composée d’experts des ministères de l’Intérieur, du Plan, des Finances ainsi que des structures spécialisées, cette commission aura la lourde tâche de dresser un état des lieux précis et de formuler des propositions concrètes.
Il faut le dire sans détour : le secteur des assurances congolais demeure un parent pauvre de notre économie. Faiblement pénétré, souvent perçu avec méfiance par les citoyens, miné par des pratiques opaques et une régulation longtemps insuffisante, il n’a jamais joué pleinement son rôle de levier de confiance et de financement. Pourtant, dans toutes les économies modernes, l’assurance est un pilier de la protection des ménages, de la sécurisation des entreprises et de la mobilisation de l’épargne nationale.
Aujourd’hui, la donne change. La volonté du gouvernement de redynamiser ce secteur stratégique répond à plusieurs urgences :
- Rétablir la confiance entre assureurs et assurés, en imposant la transparence et la rigueur.
- Accroître la pénétration de l’assurance, encore inférieure à 2 % de la population active, contre plus de 30 % dans plusieurs pays africains.
- Stimuler le financement de l’économie, car les primes collectées peuvent devenir une source importante d’investissements dans les infrastructures, l’agriculture, ou encore l’immobilier.
Mais au-delà du diagnostic technique, c’est une question de vision politique. La réforme du secteur des assurances doit être portée par un cadre juridique moderne, une régulation indépendante et une ouverture à de nouveaux acteurs compétitifs. Elle doit aussi s’appuyer sur l’éducation financière des citoyens, car une assurance n’est pas une taxe déguisée, mais une garantie de sécurité économique et sociale.
Le Journal OWANDJI estime que cette commission ne devra pas se limiter à un simple rapport. Elle doit tracer une véritable feuille de route nationale, avec des échéances claires, des mesures de transparence et des mécanismes de contrôle. Car la crédibilité de l’État se joue aussi dans sa capacité à réguler des secteurs qui touchent directement à la vie des Congolais.
À l’heure où la RDC ambitionne de moderniser son économie et d’attirer davantage d’investisseurs, la refondation du secteur des assurances n’est pas une option, mais une nécessité. C’est un signal de maturité institutionnelle, une promesse de protection sociale et un levier de développement. Reste à voir si la volonté politique saura se traduire en actes concrets.