Télécoms et souveraineté monétaire : l’avertissement du gouvernement

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Le secteur des télécommunications est l’un des plus dynamiques en République Démocratique du Congo. Avec près de 60 millions d’abonnés mobiles et plus de 30 millions d’utilisateurs d’internet, il constitue un pilier économique et un vecteur essentiel de la modernisation. Mais derrière cette croissance fulgurante se cache un enjeu qui dépasse la simple connectivité : la souveraineté monétaire.

Le ministre de l’Économie, Daniel Mukoko Samba, vient de rappeler avec fermeté aux opérateurs de téléphonie mobile leurs obligations légales. Vodacom, Airtel, Orange et Africell sont accusés d’appliquer des taux de change divergents de ceux du marché parallèle, générant ainsi des marges supplémentaires sur le dos des consommateurs. Cette pratique, qualifiée de « marge indue » par le ministre, est non seulement contraire à la loi, mais elle fragilise également la confiance dans le Franc congolais.

Cette mise en garde ne tombe pas par hasard. Elle s’inscrit dans une série de réformes économiques visant à renforcer la place de la monnaie nationale. Depuis août dernier, l’affichage et la facturation de tous les biens et services doivent se faire exclusivement en Franc congolais. Une mesure symbolique, mais surtout nécessaire, pour consolider les repères monétaires et limiter la dollarisation excessive de l’économie.

Les télécoms, en tant qu’acteurs majeurs du quotidien des Congolais, n’ont pas le droit de jouer en marge de cette dynamique. Certes, la compétitivité et la recherche de rentabilité font partie des règles du jeu économique, mais elles ne sauraient se faire au détriment de la régulation ni de la stabilité monétaire.

Le signal envoyé par le gouvernement est clair : l’État veut reprendre la main sur les leviers qui structurent l’économie, et le secteur des télécoms ne sera pas une exception. Pour les opérateurs, l’heure est à l’ajustement et à la transparence. Pour les consommateurs, c’est un rappel que la bataille pour une économie plus juste passe aussi par la défense du Franc congolais.

En définitive, la croissance annoncée du marché 15 millions de nouveaux abonnés d’ici 2030 doit s’accompagner d’une responsabilisation accrue des entreprises. Car sans équité dans les pratiques et sans respect de la souveraineté monétaire, cette croissance risque de n’être qu’un mirage au profit de quelques-uns, au lieu d’un levier partagé pour tous.