Visa Pay : un pas décisif vers l’inclusion financière en RDC ?
Le lancement officiel de Visa Pay le 4 septembre à Kinshasa marque une étape symbolique et stratégique dans la transformation numérique de notre pays. Pour une République démocratique du Congo encore dominée par l’usage du cash, cette initiative apparaît comme une opportunité de rupture : une ouverture vers une économie plus moderne, plus sûre, et potentiellement plus inclusive.
Avec cette application, les Congolais pourront désormais effectuer des paiements marchands, transferts, dépôts, retraits et achats en ligne, aussi bien en franc congolais qu’en dollar américain. Ce double ancrage monétaire est particulièrement pertinent dans un contexte où la dollarisation de l’économie reste une réalité incontournable.
Mais au-delà de la prouesse technologique, l’enjeu est profondément sociétal et économique. La dépendance au cash a longtemps freiné la traçabilité des transactions, limité l’accès des citoyens aux services financiers formels et renforcé l’économie informelle. La digitalisation des paiements peut contribuer à inverser cette tendance en favorisant une meilleure circulation de l’argent, en sécurisant les échanges et en élargissant la base fiscale de l’État.
Cependant, il serait naïf d’ignorer les défis sous-jacents. L’accès limité à Internet, la faible pénétration des smartphones, les inégalités d’éducation numérique et la méfiance persistante envers les solutions financières formelles risquent de ralentir l’adoption. La réussite de Visa Pay dépendra donc non seulement de la technologie, mais surtout de la pédagogie et de la confiance.
Pour la RDC, l’enjeu est immense : réussir à faire de ce type d’initiative un moteur d’inclusion plutôt qu’un facteur supplémentaire d’exclusion. Si les banques, les opérateurs de téléphonie mobile, les commerçants et l’État travaillent de concert, alors Visa Pay pourrait bien devenir plus qu’une application : un levier de transformation économique et sociale.
L’avenir nous dira si ce lancement n’est qu’un gadget de plus dans la vitrine de la modernité, ou s’il s’agit réellement d’une révolution silencieuse capable de changer la manière dont les Congolais échangent, commercent et bâtissent leur avenir.