TikTok, Washington et Pékin : un accord au goût amer

Le feuilleton autour de TikTok illustre une fois de plus comment la technologie, devenue l’arme stratégique du XXIᵉ siècle, échappe rarement aux logiques de puissance. Après des mois de bras de fer, la Chine et les États-Unis ont annoncé avoir trouvé un « cadre » pour transférer la propriété de la plateforme sous pavillon américain.

Derrière les sourires diplomatiques et les communiqués rassurants, l’essentiel demeure : ce n’est pas l’application en elle-même qui est au cœur du conflit, mais bien la maîtrise des données et de l’algorithme, ce nouvel or noir numérique. Washington refuse que Pékin puisse influencer l’opinion américaine via un réseau social utilisé par plus de 170 millions de ses citoyens. Pékin, de son côté, voit dans cette injonction un précédent dangereux : jusqu’où les États-Unis peuvent-ils imposer à une entreprise étrangère de céder ses actifs pour des motifs de « sécurité nationale » jamais démontrés ?

Cet accord dit « de compromis » ne règle donc rien. Il traduit plutôt l’escalade d’une guerre économique et technologique entre les deux plus grandes puissances mondiales. Une guerre qui ne se limite pas à TikTok : les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle, la 5G, et demain l’énergie verte sont autant de champs de bataille où se joue la suprématie globale.

Pour l’Afrique, et singulièrement pour la RDC, ce spectacle doit être une leçon. Nous sommes de grands consommateurs de technologies importées, mais rarement des producteurs. Que se passera-t-il demain si nos pays deviennent les terrains d’affrontement de ces géants, sans que nous ayons voix au chapitre ?

TikTok, finalement, n’est que le miroir grossissant d’un monde où l’indépendance numérique sera la clé de la souveraineté politique. À nous d’en tirer la leçon.