Le zinc congolais, baromètre discret d’une économie sous tension
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Minerai de zinc brut extrait en République démocratique du Congo, un métal stratégique dont la valeur reste tributaire des fluctuations des marchés internationaux. |
Le zinc, ce métal discret mais indispensable aux industries modernes de la galvanisation de l’acier à la fabrication de batteries et alliages a enregistré une baisse de 0,52 % sur les marchés internationaux. Au 1er septembre 2025, la tonne se négociait à 2.773,55 USD, contre 2.788,15 USD une semaine plus tôt, selon les mercuriales du ministère du Commerce extérieur.
Une variation minime, diront certains. Mais derrière ces décimales se cache un enjeu majeur pour la République démocratique du Congo (RDC), dont l’économie reste largement tributaire des exportations minières.
Un marché volatil, un État vulnérable
La baisse des cours du zinc rappelle la fragilité structurelle de notre économie. Chaque fluctuation, même marginale, impacte directement les recettes d’exportation, et par ricochet, le budget national. Or, dans un contexte de forte demande sociale et de pression sur le franc congolais, la dépendance excessive aux marchés internationaux devient un pari risqué.
Un potentiel sous-exploité
Le zinc extrait en RDC, souvent dans le Katanga, demeure peu transformé localement. Exporté brut, il prive le pays d’une chaîne de valeur qui aurait pu générer davantage d’emplois, de revenus fiscaux et d’innovations industrielles. Alors que des pays émergents investissent dans la valorisation locale (raffineries, industries métallurgiques, batteries électriques), la RDC continue de se contenter du rôle de pourvoyeur de matières premières.
Entre opportunités et paradoxes
Le paradoxe est là : au moment où le monde accélère sa transition énergétique et industrielle – où le zinc devient stratégique dans la lutte contre la corrosion et le stockage d’énergie – la RDC ne parvient pas à transformer cet atout en levier de développement.
Un appel à une stratégie minière durable
Il est temps que le gouvernement congolais dépasse la logique des mercuriales hebdomadaires pour adopter une vision stratégique :
- Promouvoir la transformation locale du zinc et autres minerais stratégiques ;
- Créer des zones économiques spéciales dédiées à la métallurgie ;
- Diversifier l’économie afin que les chocs exogènes des marchés mondiaux ne dictent plus notre stabilité budgétaire.
En somme, la baisse de 0,52 % du zinc n’est pas un simple chiffre technique. C’est un signal d’alarme : tant que la RDC restera dépendante des cours mondiaux sans valoriser ses richesses, elle demeurera spectatrice de son propre destin économique.
Le zinc nous rappelle une vérité crue : l’avenir ne se joue pas dans les chiffres du marché, mais dans la capacité de la nation à transformer ses ressources en développement durable.