L’argent congolais, un métal discret aux enjeux stratégiques

Lingots d’argent, métal précieux et minerai d’exportation de la République démocratique du Congo, dont le prix a enregistré une hausse de 0,81 % sur les marchés internationaux début septembre 2025.

Dans l’ombre du cuivre, du cobalt et même de l’or, un autre minerai discret mais stratégique occupe une place sur les marchés internationaux : l’argent. Selon le ministère du Commerce extérieur, le prix d’un gramme d’argent congolais est passé de 1,23 USD à 1,24 USD au 1er septembre 2025, soit une hausse de 0,81 %. Une progression modeste en apparence, mais qui témoigne d’une tendance haussière plus large sur les métaux précieux.

L’argent n’est pas seulement un actif de réserve ou un bijou brillant. Il est au cœur des industries technologiques et énergétiques : panneaux solaires, batteries, électronique, imagerie médicale, et même dans certaines applications militaires. Dans un monde qui accélère sa transition énergétique, la demande pour ce métal est appelée à croître.

Pour la République démocratique du Congo, cette hausse devrait être plus qu’un simple chiffre de variation hebdomadaire. Elle pose une double question : quelle part réelle de la production congolaise d’argent est tracée, valorisée et transformée localement ? Trop souvent, ce minerai quitte nos frontières dans des circuits opaques, échappant à la fiscalité et privant le Trésor public de recettes substantielles.

Si le pays veut tirer profit de cette dynamique, il est temps de penser à une politique minière inclusive et transparente pour l’argent :

  • Mettre en place une traçabilité stricte pour éviter la contrebande ;

  • Promouvoir la transformation locale, en orientant une partie de la production vers l’industrie photovoltaïque naissante en Afrique ;

  • Intégrer l’argent dans les prévisions budgétaires et dans les stratégies d’exportation diversifiées, au lieu de le laisser dans l’ombre du cobalt et du cuivre.

Chaque gramme d’argent exporté à 1,24 USD devrait être perçu non pas seulement comme une devise en plus, mais comme une opportunité de diversification économique. Dans une économie encore trop dépendante de quelques minerais phares, il est urgent de redonner à ce métal discret la place stratégique qu’il mérite.

Parce qu’en fin de compte, ce n’est pas la hausse de 0,81 % qui compte, mais la capacité du Congo à transformer une fluctuation de marché en véritable levier de développement national.