Réformer oui, mais sans sacrifier l’humain

La situation vécue par certains agents de la Direction générale des impôts (DGI) à Lubumbashi, écartés de leurs postes sans nouvelles affectations, met en lumière une question sensible : comment concilier réforme institutionnelle et justice sociale ?

La DGI justifie cette réorganisation par la nécessité d’adapter le personnel aux futures réformes et de moderniser l’institution. Sur le principe, personne ne peut contester l’urgence d’une administration fiscale plus performante, plus intègre et mieux formée. Le pays a besoin d’une régie fiscale forte pour mobiliser ses propres ressources, réduire la dépendance à l’aide extérieure et financer son développement.

Mais la méthode interroge. Derrière les mots « restructuration » ou « adaptation », il y a des femmes et des hommes, des familles, des carrières interrompues, et surtout une incertitude professionnelle qui mine la dignité des travailleurs concernés. Être écarté sans affectation, sans perspective claire, c’est être plongé dans un vide administratif qui nourrit le sentiment d’injustice et de frustration.

Réformer ne devrait pas signifier exclure. Réformer, c’est préparer, accompagner, offrir des alternatives. Une réforme réussie est celle qui modernise les structures tout en respectant l’humain, celle qui exige la rigueur sans sacrifier la justice. En maintenant certains agents dans une zone grise, la DGI fragilise non seulement leur confiance, mais aussi l’adhésion collective aux changements nécessaires.

Ce paradoxe est d’autant plus préoccupant que la DGI est censée incarner l’exemplarité : elle collecte l’impôt au nom de l’État et du peuple. Or, comment exiger discipline et transparence des contribuables si l’institution elle-même laisse planer des zones d’ombre dans sa gestion des ressources humaines ?

Il est temps que les réformes administratives en RDC cessent d’être perçues comme des « purges » et deviennent de véritables chantiers inclusifs. La transparence des critères, la communication claire et la garantie de reclassement devraient être les pierres angulaires de toute restructuration.

Moderniser nos institutions est indispensable. Mais une réforme qui brise les hommes au lieu de les élever, finit toujours par se retourner contre elle-même.