Forêts congolaises : quand l’aide verte devient un piège doré

La République démocratique du Congo possède la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, un poumon essentiel pour la planète entière. Logiquement, avec une telle richesse, notre pays devrait parler d’égal à égal avec les puissances et les multinationales. Nous devrions être en position de force. Mais la réalité est tout autre : nous sommes souvent les exécutants d’un agenda imposé de l’extérieur.

Sous couvert de financements verts, de projets de reboisement ou d’appuis techniques, les multinationales dictent les règles du jeu. Elles définissent les indicateurs, fixent les critères, orientent les méthodologies scientifiques. Même nos propres études d’impact environnemental deviennent tributaires de leur narrative. Résultat : ce qui est publié à l’international reflète moins nos réalités locales que les intérêts des bailleurs.

Ce paradoxe est brutal : ce sont les populations congolaises qui protègent les forêts, qui vivent au quotidien les effets de la déforestation, qui subissent les conséquences du changement climatique. Et pourtant, ce sont elles qui doivent rendre des comptes, pendant que les grands exploitants continuent de creuser, d’extraire, de polluer. La dépendance financière se transforme en dépendance politique et scientifique.

Il s’agit là d’une nouvelle forme de colonialisme, non plus armé mais économique et intellectuel. Une dépendance « volontaire », acceptée par manque de choix, mais qui réduit nos marges de souveraineté. Derrière les beaux discours sur la justice climatique, c’est une réalité dure : nous perdons peu à peu le contrôle de notre propre avenir environnemental.

La RDC ne pourra se libérer de cette tutelle qu’en misant sur sa propre capacité : renforcer ses institutions, financer ses chercheurs, valoriser son expertise locale et, surtout, placer les communautés au cœur des décisions. Nos forêts ne doivent pas être gérées à distance, mais par ceux qui les connaissent, les vivent et les protègent.

Reprendre le contrôle de nos forêts, c’est aussi reprendre le contrôle de notre souveraineté.