RDC : la croissance minière, une richesse sans prospérité partagée
La présentation du rapport économique de la Banque mondiale à Lubumbashi confirme une réalité que les Congolais connaissent trop bien : la République démocratique du Congo enregistre de bonnes performances économiques, mais celles-ci reposent presque exclusivement sur le secteur minier. Ce pilier, présenté comme une force, est en réalité une fragilité. Car une économie dépendante d’une seule ressource n’est ni équilibrée ni résiliente.
Le paradoxe est cruel : les mines génèrent des milliards, mais la croissance de l’emploi reste faible, le chômage des jeunes explose, et l’essentiel de la main-d’œuvre survit dans l’informel. Le secteur financier demeure sous-développé, incapable de soutenir l’innovation ou l’essor des PME. En d’autres termes, la croissance existe, mais elle ne se traduit pas en prospérité partagée.
C’est ici que la question des incitations fiscales prend toute son importance. Depuis des années, les régimes préférentiels accordés aux multinationales minières grèvent la capacité de l’État à mobiliser ses propres recettes. Pendant que les minerais quittent le pays, les recettes fiscales stagnent, et l’État peine à financer les services sociaux de base : écoles, hôpitaux, routes. Le rendez-vous entre croissance et équité est manqué, comme le souligne le thème choisi par la Banque mondiale.
Mais il serait trop facile de rejeter la faute uniquement sur les investisseurs étrangers. La responsabilité incombe aussi à nos dirigeants. Pourquoi nos institutions acceptent-elles des contrats miniers déséquilibrés ? Pourquoi les réformes fiscales peinent-elles à s’appliquer ? Pourquoi les recettes collectées ne sont-elles pas mieux utilisées au service du peuple ?
La RDC a besoin d’un sursaut de souveraineté économique. Réévaluer les incitations fiscales, diversifier l’économie, renforcer le secteur agricole, dynamiser les PME et moderniser le secteur financier : voilà les chantiers urgents pour transformer la croissance en développement.
Car tant que la richesse minière ne sera pas convertie en opportunités pour tous, la RDC restera une géante assise sur un trésor, mais incapable de nourrir ses propres enfants.