État de siège, entre sécurité nationale et interrogations citoyennes
La 56ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue le vendredi 29 août 2025, a entériné un choix lourd de sens : la prorogation de l’état de siège sur une partie du territoire de la République démocratique du Congo, avec effet au 4 septembre. Présenté par le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, ce projet d’Ordonnance-Loi a été adopté après débats et délibérations.
Depuis son instauration en 2021, l’état de siège est censé répondre à un impératif national : ramener la paix dans l’Est du pays, où les populations de l’Ituri et du Nord-Kivu continuent de subir les affres d’une guerre asymétrique, marquée par la barbarie des groupes armés, l’instabilité sécuritaire et la fragilité des institutions locales.
Quatre ans plus tard, le bilan reste contrasté. Certes, des avancées ponctuelles ont été enregistrées : neutralisation de certaines milices, renforcement de la présence des FARDC, et restauration relative de l’autorité de l’État dans certaines zones. Mais pour les citoyens des territoires concernés, la réalité quotidienne demeure celle des déplacements massifs, des massacres récurrents, de l’insécurité permanente. La prorogation de l’état de siège est-elle alors une réponse durable, ou un aveu d’impuissance ?
Le Conseil des ministres, en adoptant cette nouvelle prorogation, envoie un signal clair : l’État refuse d’abandonner ces régions. Mais il doit aller plus loin. Car proroger ne suffit pas ; il faut repenser l’efficacité de ce dispositif exceptionnel. Cela suppose une meilleure coordination entre civils et militaires, une gestion transparente des ressources allouées, et surtout, une écoute réelle des populations locales qui, souvent, se sentent réduites au silence sous le régime de l’état de siège.
Le Journal OWANDJI tient à rappeler que la sécurité ne peut être seulement militaire. Elle doit être globale, intégrant la relance économique, l’appui aux déplacés, l’éducation des jeunes et la reconstruction du tissu social. Sans cela, toute prorogation risque de se transformer en simple reconduction mécanique, sans perspectives de sortie.
La réunion du Conseil s’est achevée à 18h 13, après trois heures de délibérations. Mais pour les populations de l’Est, le temps ne s’arrête pas : chaque minute sans paix est une minute de trop. L’histoire jugera si la République aura su transformer l’état de siège en instrument de libération, ou si elle l’aura laissé dériver en routine institutionnelle.