L’impunité, poison de la République

Les dossiers de détournements de fonds publics se succèdent en République démocratique du Congo. Les rapports s’accumulent, les dénonciations se multiplient, les scandales font la une… Mais les condamnations, elles, se font attendre. Plus grave encore : nombre d’auteurs présumés continuent de circuler librement, parfois même de siéger dans des institutions censées incarner la probité de l’État.

Une justice à double vitesse ?

L’opinion publique observe avec amertume une justice sélective : prompte à frapper certains, mais étrangement indulgente envers d’autres. Cette inconstance nourrit le sentiment d’une justice instrumentalisée, où l’appartenance politique ou la proximité avec les cercles du pouvoir peut peser plus lourd que la vérité des faits.

Le coût caché de l’impunité

Laisser impunis les crimes économiques n’est pas seulement un problème moral. C’est un handicap structurel pour le pays :

  • Les caisses de l’État se vident, au détriment des services sociaux de base ;

  • Les partenaires internationaux doutent de la sincérité des réformes ;

  • Les citoyens, découragés, perdent confiance dans les institutions et s’enferment dans une culture de survie où la corruption devient la règle.

Quand la lutte anticorruption devient slogan

Le gouvernement a multiplié les annonces et commissions chargées de la lutte contre la corruption. Mais sans résultats concrets, ces initiatives risquent de n’être que des vitrines. La vraie crédibilité se mesurera aux procès équitables, aux condamnations exemplaires, et à la restitution effective des fonds détournés.

Une urgence démocratique

Car il y a un enjeu plus profond : l’avenir démocratique du Congo. Une démocratie sans justice est une démocratie vidée de sa substance. Une République qui tolère le détournement des deniers publics sape elle-même sa légitimité et trahit le contrat social qui la lie à ses citoyens.

Conclusion : de la parole aux actes

L’heure n’est plus aux discours mais aux actes. Les Congolais n’attendent pas des slogans, mais des résultats tangibles : voir les voleurs de la République répondre de leurs actes devant la justice, quelle que soit leur position ou leur appartenance.

Car sans justice égale pour tous, la République démocratique du Congo restera une démocratie inachevée, où l’impunité continue de ronger les fondements mêmes de l’État.